Les distractions de notre attention proviennent des nombreuses pensées qui assaillent notre cerveau et qui vont faire dériver notre attention sur un autre sujet.
Les principales sources de distractions sont des alertes spontanées qui nous avertissent d’une menace potentielle ou d’une récompense à portée de main.
Le système exécutif réagit en abandonnant la tâche en cours et en se réorientant vers cette nouvelle mission.
Faute de consigne précise, notre système de pilotage va partir sur une autre idée ou une autre action que celle initialement choisie.
Pour éviter ce type d’erreur, nous devons lui indiquer plus clairement ce qui est important de ce qui ne l’est pas.
Pour cela, il va falloir se fixer des petits objectifs successifs (Minis missions) aussi clairs et concrets que possible.
Mental-Objectif-Perf.
Mental-Objectif-Perf.
Penser le Tir sportif autrement…..
Daniel GOBERVILLE
News Letter
Daniel GOBERVILLE 5, rue du Colombier 60660 Cires les Mello France Téléphone : +33 6 08 17 06 74 informations@mental-objectif-perf.com
N° SIRET :791199326 00012 code NAF : 85005
Penser le Tir sportif autrement…..
Apprendre à gérer ses émotions, sa motivation et ses objectifs…..
Nom
6 tireurs se sont déplacés à Luxembourg au mois de décembre pour tirer cette compétition internationale intéressante.
Bertille Seive (549), Aurore Goberville (555), Pierre Lannes, Lionel Geisen (566), Charles Brun(538), Laurent Spychiger (553) et Pierre Lannes (526) ont participé brillamment mais le niveau élevé de cette compétition ne leur a pas permis d’entrer en finale.
Céline, Sandrine et Annabelle étaient aux sélections pour les championnats d’Europe et n’ont pas eu à regretter leurs chois car elles sont toutes les 3 qualifiées pour les championnats d’Europe !
Mental-Objectif-Perf .
News Letter N° 40
LE MOP au TOP !!
Janvier 2018
Comme chaque mois, Mental-Objectif-Perf tente de vous intéresser par la lecture d’un sujet différent ayant trait à la recherche de la performance.
Cette News Letter n’a d’autres prétentions que de vous faire partager et réfléchir à des thèmes et des sujets qui auront retenus mon attention dans le cadre d’une recherche perpétuelle d’améliorer notre comportement afin de mieux profiter de la vie, de mieux nous connaître et donc de mieux contrôler nos émotions.
En ce mois de janvier 2018, place aux vœux et aux derniers résultats du MOP plutôt qu’à la réflexion !
La Mop au RIAC
Pour répondre à ceux qui m’interroge souvent, le MOP (Mental Objectif Perf), n’est pas un club ni une association mais une structure d’entraînement à distance. Les tireurs du MOP sont donc licenciés dans leur club et s’entraînement selon un protocole et un accompagnement personnalisé.
Ils partagent des valeurs morales et recherchent la performance par une préparation mentale personnalisée.
Les entraînements se font à distance mais aussi au stand de Creil qui est complétement équipé pour le haut niveau (Cibles électroniques à 10,25 et 50m, chauffage au 25 et au 50m, vidéo projecteur, SCATT ...).
Pour plus de renseignement :
http://www.mental-objectif-perf.com
Le MOP c’est quoi ??
Le début d’année est propice aux bonnes décisions et aux vœux de bonne conduite. Les tireurs, comme tous les sportifs compétiteurs, n’échappent pas à cette règle et se projettent naturellement sur de bonnes résolutions pour cette nouvelle année.
Pour ma part, au-delà de vos objectifs personnels dans le tir, je vous souhaite d’attacher une importance particulière à votre développement personnel, à l’équilibre entre vos centres d’intérêts familiaux, professionnels et sportifs.
Ceci est tout aussi important pour la performance que 2 heures d’entraînement au stand de tir.
Le tir est un sport mental mais nombre d’entre vous accorde beaucoup plus de temps au travail technique et à la pratique au stand qu’à la préparation mentale.
Identifier ses envies, se fixer des objectifs non couperets, mettre en place des consignes sur lesquelles le cerveau portera attention, relativiser, vivre le tir au présent, développer ses capacités de gérer ses pensées et son émotion…. Chacun de ses aspects de la préparation mental requiert un travail spécifique.
Alors, je vous souhaite de ne pas négliger cet aspect décisif dans la performance en intégrant que savoir utiliser ses compétences grâce à de bonnes dispositions mentales est aussi important que d’acquérir ou développer ses compétences !
Vœux 2018
Le MOP au GP de FRANCE
Céline, Sandrine et Annabelle ont représenté la France mais étaient de tout cœur avec le MOP au sein duquel elles s’entraînent au quotidien.
Victoires de Céline et de Sandrine chacune leur tour mais une mention particulière pour la « 3ème Goberville » … Aurore rentre en finale avec 560 et termine 8ème.
Un excellent résultat également de Lionel Geisen qui se classe 9ème à la porte de la finale (565), de Laurent Spychiger qui tire 562 au pistolet et de Stéphane Hatterer à 0,5 points de la finale (612 et 9ème à la carabine)
Bertille Seive (552), Evelyne Schammel (550), Charles Brun (552), et Emmanuel Coulombel (536) ont bien combattu à leur niveau.
Le MOP à Dortmund et à Hanovre
Le MOP sera également présent à l’ISAS de Dortmund en Mars et à l’ISCH à Hanovre en Mai.
Si vous avez des difficultés à vous concentrer, vous devez d’abord vous demander si vous avez correctement programmé votre attention.
En effet, notre système attentionnel réagit à chaque modification de son environnement sans que cela soit le fruit d’une décision consciente mais de connections directes entre perception et action (activité réflexe).
Un bon programme attentionnel doit favoriser les réflexes les plus efficaces pour l’objectif du moment, grâce à un accent mis sur un type de Perception, un Mode d’action et une Intention particulière. C’est le trépied sur lequel vient s’appuyer une bonne attention.
Mental-Objectif-Perf .
News Letter N° 42
AMELIORER NOTRE ATTENTION , NOTRE CONCENTRATION …
Fevrier Mars 2018
Comme chaque mois, Mental-Objectif-Perf tente de vous intéresser par la lecture d’un sujet différent ayant trait à la recherche de la performance.
Cette News Letter n’a d’autres prétentions que de vous faire partager et réfléchir à des thèmes et des sujets qui auront retenus mon attention dans le cadre d’une recherche perpétuelle d’améliorer notre comportement afin de mieux profiter de la vie, de mieux nous connaître et donc de mieux contrôler nos émotions.
Après la News Letter du mois de décembre, je vous propose ce mois-ci de terminer cet excellent livre écrit par Jean-Philippe LACHAUX, Directeur de recherche en neurosciences cognitives à l’INSERM de Lyon.
Programmer son Attention
C’est la 3ème composante d’un programme attentionnel efficace.
La perception et l’action ne suffisent pas à contraindre les automatismes qui dictent notre comportement car notre système de pilotage va privilégier par défaut l’action la plus répétée dans le contexte ou la plus motivée par le circuit de récompense.
L’intention doit donc être une « obsession » le temps du programme attentionnel.
Une des façons la plus efficace de spécifier une intention à son système de pilotage consiste à visualiser le résultat de l’action espérée (selon le niveau technique et mental du tireur, l’image du guidon centré, le 10, la sensation de continuité du doigt, l’action d’engager, la perception du décrochage de la détente…).
Comme un skieur guidé par l’image du bout de trajectoire à venir, les actions s’enchaînent naturellement. Nous sommes alors proche de l’état de « flow » décrit par Mihaly Csikszentmihalyi, où tout semble couler de source avec, au centre de notre attention, une perception, un mode d’action et une intention (l’image du chemin tout tracé).
Le trépied est en place et va contribuer à stabiliser l’attention grâce à un mécanisme de couplage entre perception et action qui assure au sein du cerveau une concertation maximale entre les circuits de neurones concernés par ces deux aspects.
L’Intention : Une obsession ponctuelle
Le Cerveau Funambule (fin)
J’ai eu l’occasion de rencontrer Jean-Philippe Lachaux au stand de tir de Creil avec Céline dans le cadre de ses recherches sur le phénomène de l’Attention.
Son livre, « Le cerveau funambule » a pour but de permettre au lecteur (grand public) de « comprendre et d’apprivoiser son attention grâce aux neurosciences ».
Un sujet passionnant pour nous tireurs sur le plan de la concentration, de la gestion du moment présent, de l’émotion et du lâcher-prise.
Après avoir vu au mois de décembre dernier les mécanismes de l’attention, de la concentration et de la distraction, tentons de comprendre comment améliorer ces compétences dans notre quotidien et pour le tir.
Le Cerveau Funambule
Attention perceptive
Le 1er point d’appui est donc l’Attention perceptive
Parmi toutes les actions possibles, le simple fait de porter son attention sur une perception physique ou mentale va favoriser les actions spontanément évoquées par cette perception.
Ainsi, en portant mon attention sur la volonté d’engager le point dur de ma détente, je vais le faire car mon entraînement aura permis de préparer ce réflexe… mais cela si je porte uniquement mon attention sur cette consigne (mini mission) et non sur l’envie de faire un 10 ou d’éviter un 8 (ce qui va me ramener sur la visée et non sur l’action de lâcher.
Mode d’action : Attention motrice
Le 2ème point d’appui est le Mode d’action car après avoir porté son attention sur une perception, il faut agir.
Comment et avec quoi vais-je agir ? Avec mes mains, mes pieds ou ma tête ?
Un jour de finale à Rolland Garos, tout le monde regarde la balle et quand elle heurte le filet, chacun va réagir différemment : Le joueur s’arrête, l’arbitre parle, le ramasseur court chercher la balle et les spectateurs applaudissent. Leurs systèmes de pilotage couplent de manière reflexe cet événement sensoriel (balle dans le filet) avec des effecteurs différents, ce qui démontre que l’objet de notre attention perceptive ne détermine que très partiellement notre manière d’agir.
L’attention motrice affine donc la sélection de l’action en privilégiant un effecteur.
L’attention perceptive (visée) et l’attention motrice (appuyer sur la queue de détente) agissent conjointement pour faciliter la tâche de sélection du système de pilotage qui n’a plus qu’à choisir celle la plus adaptée à l’intention du moment (viser ou appuyer ?).
Cette notion d’attention motrice résonne alors avec la définition que donnait de la concentration le maître zen Deshimaru : « mettre son énergie dans une seule action à la fois ».
Au sein du programme attentionnel, l’attention motrice définit donc un mode d’action, qui peut être physique ou mental après un apprentissage (entraînement) comme le calcul mental ou la capacité à bien appuyer sur une détente.
Un bon programme attentionnel favorise donc de manière explicite un type de perception et un mode d’action (mental ou physique).
Les Minismissions
Le Contact
Un programme attentionnel efficace favorise une perception (mentale ou physique) , avec une intention et un mode d’action (physique ou mentale).
Ce programme attentionnel établit donc le contact entre perception et action et le dirige selon votre intention.
Être bien « concentré » c’est d’abord être connecté et cette connexion vient guider avec légèreté le flot des cycles perception-action le long du comportement le plus juste, instant après instant, au point de vous placer parfois dans un rôle de spectateur émerveillé par la justesse de vos actes.
Dans le tir, n’avez-vous jamais ressenti cette impression de vous regarder tirer ou qu’un autre que vous soit en train de tirer ?
Etablir le contact, c’est donc connecter perception et action d’une manière optimale pour que le flux de leur dialogue vous traverse sans conflit.
Dans le tir, cela passe par un entraînement bien construit et conçu comme un apprentissage (et non comme une répétition d’un match ou d’une recherche de conditionnement).
Songez à l’apprentissage de la lecture qui va permettre de déclencher sans hésitation un geste complexe de prononciation à la simple vue d’un assemblage de lettres.
Si, comme moi vous être convaincus que l’attention est un point clef de la qualité de notre séquence mentale (entre conscient et subconscient), je ne peux que vous engager à travailler sur ce domaine, tant par la lecture de ce livre que des publications régulières sur ce sujet.
Le secret d’une bonne concentration réside dans la capacité à détecter et à éliminer toute source de conflit d’intention et à éviter ainsi que deux processus tentent d’utiliser les mêmes réseaux de neurones au même moment.
Que cherchez-vous vraiment à faire à ce moment ? Un 10 ou à bien lâcher ? !!
La seule manière de réduire ces conflits est d’agir avec une intention simple, claire et à court terme (mini mission).
Ainsi, dans le tir, si je suis sur une pensée globale (vouloir faire un 10, laisser faire naturellement…) et que ma technique n’est pas suffisamment automatisée, le réflexe naturel de la visée pour faire un 10 va l’emporter sur le lâcher et soit celui-ci ne sera pas préparé, soit il ne s’exécutera pas… la mini mission doit donc être une action liée au lâcher (engager, appuyer en continuité, ne pas décider du décrochage …)
Organisateur du marathon de Zurich, Bruno Lafranchi a fait venir deux fois Yuki Kawauchi en Suisse. Il en garde le souvenir d’un athlète « différent »
Le marathon de Zurich se courra dimanche 22 avril sans Yuki Kawauchi. Le héros de Boston a participé deux fois à l’épreuve zurichoise, en 2015 (2e) et en 2016 (victoire).
Que vous inspire la victoire de Yuki Kawauchi?
Ma femme est japonaise et j’ai obtenu mes meilleurs résultats à Fukuoka, je sais ce que représente le marathon au Japon. C’est aussi un pays qui a un profond respect pour la tradition. Qu’un Japonais gagne le plus prestigieux marathon du monde, vieux de 120 ans, c’est comme pour nous, Suisses, remporter la descente du Lauberhorn à ski.
Sauf que lui est amateur…
Il est incroyable ! Ses jambes sont très spéciales, très musclées, avec une capacité de récupération hors norme. La première année où il est venu, en 2015, il est allé courir le lendemain de la course sur l’Uetliberg, en montée et en descente. Moi, au lendemain de mon meilleur chrono [2h11’12” en 1982 à Fukuoka], j’étais incapable de marcher le jour d’après.
N’est-il pas passé à côté d’une plus grande carrière encore ?
On ne peut pas dire : « Et s’il était professionnel ? Et s’il avait un coach ?» C’est quelqu’un de différent des autres qui a identifié ce qui était le plus adapté à son cas. Faire comme les autres ne lui convient pas, pas plus que de faire comme lui ne conviendrait aux autres.
Quel genre d’homme est-il ?
Il est différent, je ne peux pas le dire autrement. C’est quelqu’un de très simple. Il est très sympa, gentil et poli avec tout le monde, il ne se prend pas pour une star. Quand il est venu à Zurich, on lui a proposé de voyager en classe business, il a refusé : « Non, non, l’economy c’est assez. »
Par contre, il a besoin d’un vol direct. Comme il court sur ses jours de congé, il ne peut pas perdre du temps dans les transports. Il choisit ses courses en fonction de ça : il y avait un vol direct Tokyo-Zurich, ça comptait plus pour lui que l’argent. Il est arrivé le vendredi après-midi, il a participé à la conférence de presse le samedi, il a gagné la course le dimanche, il est reparti le lundi et le mardi midi il était à son travail.
Le pensiez-vous capable de remporter un jour une si grande course ?
Il manque de vitesse pour gagner sur des parcours très roulants comme Londres ou Berlin, c’est incontestable. Après, si la course est dure mais pas très rapide, il a ses chances. C’est facile à dire maintenant mais au vu des conditions très spéciales de Boston, on pouvait l’envisager. Les Kenyans n’aiment pas le froid, ils n’y sont pas habitués. Quand les conditions sont vraiment dures, Yuki est avantagé parce que lui aussi est vraiment dur. A Zurich, il a fini deuxième l’année où il a fait grand soleil et premier l’année d’après, sous la pluie et la grêle.
On sent que vous l’appréciez beaucoup…
Oui, c’est vrai. J’étais très heureux pour lui quand j’ai appris sa victoire. Je l’apprécie aussi parce qu’il ne fait pas de concessions. Vous savez, au Japon, les officiels n’aiment pas sa façon de faire en dehors du système.
Il a refusé d’entrer dans le jeu des courses universitaires, d’être recruté par une compagnie.
Il a gardé sa liberté mais la fédération, qui est toute-puissante, ne lui fait de cadeau.
Malgré son exploit, je pense qu’il ne sera jamais sélectionné pour le marathon olympique de Tokyo en 2020.
A Boston, l’épreuve féminine a également vu, dans le sillage de la lauréate, l’Américaine Desiree Linden, la surprenante deuxième place d’une coureuse amatrice totalement inconnue, Sarah Sellers, 26 ans, infirmière dans un hôpital de l’Arizona. En l’absence totale de références (Sarah Sellers ne courait un marathon que pour la seconde fois de sa vie), cette performance doit pour l’heure être accueillie avec réserve. Yuki Kawauchi, lui, est au contraire connu de longue date.
C’est même, à sa manière, une célébrité dans le monde des courses de longue distance. Avant Boston, il avait déjà enchaîné cinq victoires consécutives chez lui au Japon, aux Etats-Unis et à Taïwan. Vainqueur à Zurich en 2016, il a été reconnu le mois dernier par le livre Guinness des records comme l’athlète ayant couru le plus grand nombre de marathons en moins de 2h20’ (78 fois). Il détient également le record pas du tout officiel du semi-marathon en costume trois-pièces.
Sa boulimie de courses lui sera peu contestée. La très grande majorité des marathoniens s’entraînent beaucoup (200 km par semaine) et courent très peu (deux marathons par an, parfois trois). Kawauchi fait tout le contraire : il ne s’entraîne qu’une fois par jour, ne cumule « que » 140 km par semaine et participe à une course (semi-marathon ou marathon) tous les quinze jours, le plus souvent sur un rythme très soutenu. Ce programme est dicté par son emploi du temps : travaillant à plein-temps, il n’a que le matin pour courir et compense son moindre kilométrage par un très grand nombre d’épreuves (une douzaine de marathons par an). Pour le dire vite : Yuki Kawauchi s’entraîne en compétition.
Imbattable par mauvais temps
Il y démontre un mental hors du commun qui compense une pointe de vitesse défaillante et un inévitable manque de fraîcheur. Et si les conditions météo sont exécrables, sa force et sa dureté exultent. A Boston, dans le vent, la pluie et le froid, il a ainsi déposé le tenant du titre et champion du monde kenyan Geoffrey Kirui dans les deux derniers kilomètres pour s'imposer en 2h15'54'', un chrono relativement moyen.
Le Japonais Yuki Kawauchi fait donc partie de ces exceptions.
Pourtant, cet employé de bureau, qui a déjà gagné quatre marathons en 2018, s'entraînait sans l'aide d'un coach ou de sponsors.
Désormais, Yuki Kawauchi, qui a couru 79 marathons sous les 2h20, va pouvoir se consacrer entièrement à son sport et préparer le marathon des JO de 2020 à Tokyo. Kawauchi a couru 55 fois en moins de 2 h 15 m et douze fois en moins de 2 h 10 m.
« A compter d'avril 2019, je prévois de démissionner de mon poste de fonctionnaire », a déclaré le coureur de 31 ans aux journalistes qui l'attendaient à son retour, à l'aéroport de Tokyo-Narita. Une liberté qu'il peut désormais se permettre grâce à « l'argent reçu », la prime de victoire à Boston s'élevant à 150 000 dollars.
Yuki Kawauchi a été le premier Japonais à remporter ce prestigieux marathon depuis 1987, qui est justement son année de naissance.
Employé dans une école primaire, Yuki Kawauchi s'entraînait sur son temps libre.
En devenant professionnel, il espère « rivaliser avec les meilleurs » de sa discipline et battre son record personnel, qui est de 2 heures 8 minutes 14 secondes. Yuki Kawauchi est un stakhanoviste de la course à pied.
79 marathons sous les 2h20
L’être humain est ainsi fait qu’il veut toujours plus… pensant que ce qui est acquis ne peut se perdre… c’est ainsi que l’on progresse dans un domaine (la performance) mais que l’on régresse parfois dans un autre (le plaisir, le bonheur).
Il sera intéressant de suivre son évolution en vue des JO de Tokyo… il ne va plus courir pour le plaisir mais va rentrer dans une autre dynamique… spirale aspirante ou descendante ??
La gestion mentale de ce changement va être déterminant pour la réussite de sa nouvelle carrière.
On peut penser qu’un bon coach mental ne sera pas inutile !
79 marathons sous les 2h20
Cette belle histoire vraie, nous montre que la performance est souvent le fruit d’hommes et de femmes ayant un caractère et un parcours particulier. Elle nous montre aussi que les vraies valeurs sont importantes dans la réalisation de la performance quand on ne pratique pas un sport business ou spectacle.
Il est donc important que chacun fasse son chemin personnel, sans vouloir copier ou imiter.
Que d’analogies quand même avec notre sport, individuel, seul dans l’effort et où le mental est déterminant. S’entraîner en compétition n’est pas banal mais probablement pas reproductible, comme construire une carrière sportive de haut niveau sans un minimum de staff (coach…). La notion de plaisir est importante (il dit courir pour le plaisir) ce qui ne signifie pas qu’il s’amuse en courant (il souffre bien sûr) comme nous, tireurs de compétition, nous ne nous amusons pas en tirant un match. Nous ne devons attendre rien d’autre de la pratique de notre sport que celle de parcourir un chemin de vie vers la connaissance et la maîtrise de nous-même, de nos émotions. Tout autre attente serait néfaste pour la performance et nous amènerait beaucoup de désillusions… je ne dois rien attendre des instances supérieures qui me gouvernent dans le sport, comme je ne leur dois rien, je ne dois rien à mon entraîneur si ce n’est le respect, je dois cultiver l’égoïsme dans la réalisation de ma performance sinon la pression de la redevabilité s’ajoute à celle de la compétition et de l’inconnue de son issue. Le champion est un être particulier… sinon il ne serait pas champion !
Respectons-le ainsi.
Changement de cap !
Il va quitter l'an prochain son modeste emploi d'agent administratif pour devenir professionnel.
Il a créé la surprise dans un sport dominé par les Kenyans et les Ethiopiens.
Les classements des compétitions internationales de fond sont sans ambiguïté.
La supériorité des athlètes africains est indéniable si l’on se réfère aux six grands marathons mondiaux.
La domination vient principalement des coureurs kenyans et éthiopiens. Exemple : en 2012, les quarante-neuf meilleures performances mondiales ont été réalisées par des Kényans ou des Éthiopiens.
Cela n’intéresserait que les spécialistes et les Japonais si Yuki Kawauchi n’était pas un coureur amateur.
Lundi, il a téléphoné à l’école primaire Kuki de la région de Saitama (nord-ouest de Tokyo), où il est agent administratif à plein-temps, pour expliquer que sa victoire lui imposait des obligations imprévues et l’obligeait à solliciter un jour supplémentaire de congé.
Le directeur de l’école a expliqué à l’AFP que le jour supplémentaire lui avait été accordé - et non offert - mais qu’aucune fête particulière ne serait organisée afin de respecter le vœu de discrétion et de modestie de Yuki Kawauchi.
L’histoire du marathon s’est souvent écrite à Boston. En 1897, lorsque la course fut créée. Rééditée 121 fois depuis, sans interruption. En 1967, lorsque Kathrine Switzer se mêla au peloton, devenant la première femme à prendre part ouvertement (quoi qu’illégalement) à un marathon. En 1986, lorsque les organisateurs cédèrent aux exigences de l’époque et cessèrent d’offrir une couronne d’olivier au vainqueur. En 2013, lorsqu’un double attentat à la bombe sur la ligne d’arrivée tua trois personnes et en blessa 264 autres.
L’histoire du sport s’est encore écrite à Boston dimanche avec la victoire de Yuki Kawauchi, premier Japonais à inscrire son nom au palmarès depuis Toshihiko Seko en 1987.
Un coureur amateur
Reconnu dans le Guiness des Records
Comme chaque mois, Mental-Objectif-Perf tente de vous intéresser par la lecture d’un sujet différent ayant trait à la recherche de la performance.
Cette News Letter n’a d’autres prétentions que de vous faire partager et réfléchir à des thèmes et des sujets qui auront retenus mon attention dans le cadre d’une recherche perpétuelle d’améliorer notre comportement afin de mieux profiter de la vie, de mieux nous connaître et donc de mieux contrôler nos émotions.
Sans aucun rapport avec le tir, une fois n’est pas coutume (!), j’ai choisi de vous faire partager un article sur le Japonais Yuki Kawauchi (coureur amateur), qui vient de remporter le prestigieux marathon de Boston. Le Japonais Yuki Kawauchi travaille à plein temps dans une école. Le reste du temps, il s’entraîne et court avec une méthode très personnelle.
Yuki Kawauchi était déjà très célèbre dans son pays avant sa victoire à Boston. Les courses d’endurance, semi-marathon, marathon et relais, sont extrêmement populaires au Japon, pays qui a récemment dépassé les Etats-Unis au nombre de coureurs ayant achevé un marathon. Si le Kenya et l’Ethiopie fournissent le gros de l’élite mondiale, le Japon est le plus gros producteur de bons coureurs amateurs. Kawauchi est leur porte-drapeau.
Le dépassement de soi, l’économie de moyens et la persévérance sont des qualités prisées dans la culture japonaise. Cette passion culmine lors de deux épreuves retransmises dans tout l’archipel : le marathon de Tokyo en février, qui enregistre plus de demandes d’inscriptions que celui de New York, et surtout le Hakone Ekiden, une course de relais par équipes qui a lieu lors du shogatsu (nouvel an) entre Tokyo et le mont Fuji (aller-retour, total 200 km).
Les relais Ekiden structurent l’élite athlétique nippone. Réservées aux universitaires, ces courses incitent les grandes entreprises à débaucher les meilleurs talents et à entretenir grassement des équipes professionnelles.
Le Marathon de Boston
Yuki Kawauchi pousse le particularisme à s’entraîner seul, sans partenaire et sans coach. Encore une anomalie dans ce milieu à l’esprit parfois grégaire. Il surprend, étonne, dérange parfois. « On me pose souvent la question de ce que j’aurais pu faire comme professionnel, avec une méthode traditionnelle, avouait-il un peu las, début avril dans un reportage de L’Equipe Magazine. Mais ma liberté, sans coach ni sponsor, est essentielle, elle me permet de venir m’amuser aujourd’hui à Satte [une course de 10 miles, qu’il remporta en 49' avant de venir encourager les derniers] avant d’aller à Boston. »
« Etre financièrement indépendant me donne la liberté de faire ce que je veux et d’être l’athlète que je veux. »
Cette liberté a un prix. Puisque Kawauchi refuse d’être professionnel, il doit observer un amateurisme strict : pas de sponsor, pas de contrat publicitaire, pas de prime d’engagement. Seules les primes de résultat lui sont autorisées.
Il dit courir pour le plaisir. « Etre financièrement indépendant me donne la liberté de faire ce que je veux et d’être l’athlète que je veux ».
Et même, lorsqu’il lui en prend l’envie, il court le semi-marathon en 1h10’04” en costume intégral de panda.
Interview de Bruno LAFRANCHI
Une belle histoire et une morale !
La liberté de faire ce que je veux
IL S’ENTRAINE AVEC UNE METHODE TRES PERSONNELLE …
Avril 2018
Héros de la classe moyenne
Yuki Kawauchi…Courir est son hobby
News Letter N° 43
Mental-Objectif-Perf .
Il est bon pourtant de savoir revenir à une expérience moins intellectuelle de la réalité pour retrouver émerveillement et surprise, car il est bien difficile de s’émerveiller devant une étiquette : « Oui, j’ai bien vu que c’était une fleur bleue, et alors ? »
La méditation semble offrir cette possibilité de regarder sans interpréter, ou en interprétant moins - « mais as-tu bien vu le bleu de cette fleur ? ». Nous ne savons pas encore pourquoi, ni comment elle peut désamorcer ces processus rapides de conceptualisation et de distribution d’étiquettes, mais mon expérience personnelle me prouve qu’elle peut le faire, et je m’en réjouis.
La méditation d’un neurobiologiste, il y a vraiment quelque chose de particulier à pouvoir s’engager aujourd’hui dans une expérience de méditation avec une certaine connaissance de la manière dont le cerveau fonctionne, au moins dans ses grandes lignes.
Je comprends alors l’accent mis sur la posture dans le zen, une posture traversée par le souffle et maintenue sans forcer, sans crispation, comme la corde d’un arc devenue hypersensible et réceptive à la moindre tension dans une direction ou une autre depuis le tanden, le centre de gravité du corps au niveau de l’abdomen. La pratique se confond alors avec cette sensation d’espace homogène, régulièrement densifiée par endroits mais de manière transitoire comme par des « nuages dans le ciel », pour reprendre une image souvent utilisée par les enseignants de méditation. Rester dans l’instant sans se laisser décentrer par ses pensées ou toute autre distraction, c’est alors faire preuve d’un bon sens de l’équilibre attentionnel. La pratique de la méditation m’aide à développer ce sens de l’équilibre un peu particulier, extrêmement utile quand il s’agit d’éviter que l’attention ne se perde dans des pensées douloureuses, par exemple. Comme sur une planche à voile, j’apprends à réagir avec mon corps à l’action du vent sur ma voile pour garder l’équilibre et le cap.
Mon métier m’a par exemple appris qu’au fur et à mesure que se déploie la réponse du cerveau à un stimulus, la perception de celui-ci s’enrichit et devient de plus en plus abstraite. Ainsi, le mot « cerveau » que vous venez de lire sur cette page a-t-il commencé par stimuler vos deux rétines qui n’y ont « vu » qu’une juxtaposition de blanc et de noir. Mais le traitement de cette image par les premiers étages de votre cortex visuel vous a permis de manière réflexe, en à peine un cinquième de seconde, de l’interpréter comme une suite de lettres formant un mot connu de la langue française. Enfin, au bout d’un quart de seconde, c’est-à-dire au moment où cette activité neuronale s’est propagée à des aires cérébrales de plus haut niveau, la perception brute du mot s’est chargée de sens, et peut-être d’images et de sons (« cer-veau »), voire d’émotions, seulement amenés par la dynamique interne de votre cerveau puisque vous n’avez pas réellement vu un cerveau, ni entendu prononcer le mot « cerveau » par quelqu’un autour de vous.
Ce même phénomène se reproduit de manière similaire quand vous apercevez un visage ou quand vous entendez un bruit : les bruits de pas que j’entends sont ceux de mon conjoint, qui-était-de-méchante-humeur-tout-à-l ’heure et qui-va-certainement-me-faire-une-nouvelle-remarque. Ce mécanisme d’interprétation systématique de ce que nous avons sous les yeux (et qui s’applique donc aux autres sens) donne sa signification au monde qui nous entoure, en le reliant sans cesse à notre expérience passée. Mais soyons bien conscients qu’il nous prive aussi d’un contact nu à la réalité, en remplaçant celle-ci littéralement en une fraction de seconde, et à chaque instant, par une version déformée de ce monde. Et cette version est fabriquée à partir de ce que nous connaissons déjà, avec tous ses biais hérités de notre expérience passée ; autrement dit, nous voyons surtout ce que nous devinons ou croyons reconnaître du monde. Cela signifie que nous évoluons souvent dans une forêt d’étiquettes qui remplace dans notre esprit les choses elles-mêmes : « vase avec des fleurs », « beurre », « paquet de biscottes », « Chloé », et ces étiquettes nous privent d’un contact direct avec ce et ceux qui nous entourent. La couleur bleue des fleurs et même l’expérience esthétique du bleu est amortie, remplacée par une simple information - « bleu » -, elle-même associée à des souvenirs divers (la même couleur que ma chemise).
J’annonce d’emblée que ce texte n’a pas vraiment pour objet de proposer des conseils pour « mieux méditer ». Vous obtiendrez ces conseils auprès de ceux dont l’expérience leur permet d’enseigner la méditation. Je me contenterai de proposer un témoignage original, celui d’un neuroscientifique abordant chaque jour la pratique de la méditation avec, ancré en lui, tout un bagage professionnel concernant le fonctionnement du cerveau. Ce n’est pas si banal après tout, puisque aucune génération avant la nôtre n’avait pu faire l’expérience, sur le coussin face au mur, de cette rencontre intime entre les neurosciences et la méditation.
Quant aux vrais maîtres, je dédie à leurs yeux amusés ce récit de mes errements en bas de la montagne.
Voir le monde tel qu’il est ?
Comme chaque mois, Mental-Objectif-Perf tente de vous intéresser par la lecture d’un sujet différent ayant trait à la recherche de la performance.
Cette News Letter n’a d’autres prétentions que de vous faire partager et réfléchir à des thèmes et des sujets qui auront retenus mon attention dans le cadre d’une recherche perpétuelle d’améliorer notre comportement afin de mieux profiter de la vie, de mieux nous connaître et donc de mieux contrôler nos émotions.
Après avoir tenté de vous sensibiliser sur le phénomène de l’Attention lors de précédentes NL, je vous propose ce mois-ci de partager à nouveau un écrit de Jean Philippe Lachaux, qui porte son regard de neuroscientifique sur la méditation.
Un tireur qui évolue sur le plan technique doit évoluer en même temps sur le plan mental et notamment sur sa capacité à ne pas vouloir tout contrôler en compétition car le contrôle est un filtre de la conscience qui ralentit notre comportement réflexe (subconscient) nécessaire à la coordination exigée par le tir de haut niveau. La voie du lâcher-prise est la voie de la performance et il appartient au tireur et au coach, d’intégrer dans l’entraînement cette conception et les moyens de la développer dans le comportement du tireur. La méditation de plaine conscience permet au tireur de gérer ses pensées, principale voie du lâcher-prise
Méditation et Neurosciences
Concentration et Distraction
Comme un funambule sur son fil sensible au moindre mouvement de son corps, je m’applique à ressentir chaque déviation de mon attention - vers la gauche ou la droite, vers le haut ou l’avant - sous l’action des distractions qui l’entraînent, qu’elles soient internes ou externes. Le sentiment d’être centré - et concentré - s’apparente alors à celui d’être à l’équilibre sans effort, avec une prédominance des sensations du corps au niveau de l’axe du buste et du ventre, comme un mat maintenant la voile depuis la coque d’un bateau. Et c’est vers ces sensations que je ramène doucement mon attention à chaque fois que je la sens s’écarter (enfin… dans l’idéal).
Nous autres, neuroscientifiques, n’avons que quelques pistes pour expliquer ce phénomène. Nous savons par exemple qu’une structure bien enfouie dans les replis du cortex, l’insula, réagit à tout événement capturant l’attention et contient des neurones dialoguant avec les différentes régions du corps.
Elle pourrait donc déclencher des impressions corporelles assez localisées dictées par notre vie mentale, mais ce n’est qu’une hypothèse parmi d’autres. En tout cas, cette pratique m’amène à ressentir davantage toute distraction pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une force de traction - dis-traction - m’écartant d’une posture équilibrée et centrée. La réponse de maître Dôgen, interrogé sur l’essence du zen - « les yeux verticaux, le nez horizontal » - me paraît lumineuse, puisque chaque dis-traction tend effectivement à entraîner l’attention et le corps dans un mouvement déséquilibrant la posture, et basculant les lignes verticale et horizontale du nez et des yeux.
Toute pensée, envie ou émotion peut alors être ressentie comme une déviation, une torsion, une densification d’une zone particulière de l’espace que je n’ai alors qu’à relâcher pour revenir à une attention centrée et un corps vertical sans tension.
Le Zen et l’Instant présent
News Letter N° 44
UN AUTRE REGARD SUR LA MEDITATION, la concentration et l’attention …
Mai 2018
Le tir et le Lâcher prise
Sur le coussin, face au mur ! Lâcher prise …
Mental-Objectif-Perf .
Revenir à la réalité des choses.
L’Attention : Perception et Action
Je sais par exemple qu’il existe des neurones qui réagissent de la même manière que je voie ou que j’entende quelqu’un arriver sur ma droite, ou que l’on me touche depuis cette direction, et cela m’aide à comprendre le glissement que je peux ressentir en méditant entre des modalités sensorielles différentes : cette impression que ce qui se passe autour de moi a tendance à venir s’imprimer d’une manière tangible dans mon corps, sous la forme d’une tension subtile dans une direction, un peu comme un souffle de vent venant gonfler une voile.
Je sais aussi qu’un son soudain attire spontanément l’attention vers sa source, et que ce déplacement attentionnel s’accompagne automatiquement d’une préparation à y placer le regard. Et je sais également que je peux ressentir dans mon corps la présence d’un objet devant moi, car le simple fait de le voir suffit à affoler des neurones qui vont chercher à le saisir et s’en servir. Tous ces phénomènes participent à l’établissement d’une continuité entre perception et action dans le cerveau : l’activité neuronale des régions qui « perçoivent » glisse et se transforme spontanément pour atteindre les régions qui « agissent » à travers un dense tissu d’interconnexions entre neurones. Mon corps va donc avoir tendance à se tendre légèrement en relation avec la région de l’espace où s’est déplacée mon attention, pour interagir avec ce qui s’y trouve.
Dans ma pratique, je retrouve ce rôle central de l’espace même quand mon attention est capturée de l’intérieur, par une pensée ou une émotion, et je ne m’en étonne pas. Mes images mentales vont venir se situer quelque part dans mon champ visuel - ce qui est logique, car elles sont générées par des circuits proches de ceux qui servent à voir - et ma « petite voix », celle avec laquelle je me parle en silence comme tout le monde, me semble venir davantage de la tête et du haut de mon corps que des pieds ou des mains.
Toute la vie mentale semble ainsi s’accompagner de focalisations systématiques à certains endroits de l’espace corporel et péri-personnel au point qu’il est possible de percevoir avant tout ces déplacements et ces densifications plutôt que les phénomènes mentaux eux-mêmes, de la même manière que l’on pourrait s’intéresser davantage aux déformations produites par des objets posés sur un drap étendu qu’à ces objets eux-mêmes. Ce déséquilibre constant et dynamique qu’induisent les événements physiques et mentaux dans ma perception de l’espace - pour mettre certaines zones en relief et en oublier d’autres - occupe une place centrale dans ma pratique, au point que mon expérience de méditation s’apparente de plus en plus à un exercice assez subtil de fluidification, puis de stabilisation et de centrage de mon attention dans l’espace, face à tout ce qui pourrait venir la fixer et la coaguler dans une région ou une autre de cet espace qui m’entoure et m’englobe.
Le lâcher prise : Observer sans contraindre
Les neurosciences cognitives m’aident aussi à approfondir le sens du terme « lâcher-prise », l’un des concepts le plus souvent associés à la méditation et qui désigne le plus souvent une attitude de non-attachement. Lâcher-prise, c’est accepter qu’une situation sur laquelle on n’a pas de prise n’aille pas dans le sens souhaité. Mais c’est aussi admettre et intégrer l’une des grandes leçons des neurosciences modernes : la très grande majorité des actes que nous réalisons quotidiennement sont le fruit d’automatismes.
J’aime bien répéter que lorsque nous parlons, nous ne choisissons pas les mots que nous utilisons. Notre rythme d’élocution est en effet tel que le temps s’écoulant entre deux mots prononcés est beaucoup trop court pour y glisser un choix conscient de chacun de ces mots. Nous en sommes donc réduits, hélas, à nous écouter parler en espérant ne pas dire trop d’âneries et, ô miracle, c’est généralement le cas…à l’exception de quelques lapsus ou paroles déplacées. Vous constaterez, en y réfléchissant, que nous choisissons aussi rarement l’endroit où nous posons le regard, ou la plupart des petits gestes effectués rapidement.
La voie du lâcher-prise me semble donc commencer au moment où nous réalisons que, malgré tout, tout se passe bien (ou pas trop mal), et qu’il est vain de chercher à contrôler chacun de nos mouvements ou chacune de nos paroles en détail. Nous ne pouvons pas, tout simplement, choisir à chaque fois l’action la mieux adaptée en anticipant toutes ses conséquences à court, moyen et long terme. Le rythme de la vie réelle, qu’il s’agisse de parler ou d’ajuster ’angle du volant de sa voiture, n’autorise pas des prises de décision conscientes aussi fréquentes.
Nous ne pouvons qu’observer nos microactions, physiques ou cognitives, en veillant seulement à ce que « globalement, tout se passe bien » et en faisant confiance à nos automatismes pour gérer le quotidien.
L’une des clés de la méditation, notamment dans la vie quotidienne, me semble être alors la conviction profonde que ces automatismes sont efficaces et ne doivent être manipulés que par petites touches quand ils nous mènent dans une direction erronée, de la même manière que l’on mène un cheval le long d’un chemin par des petits signaux fréquents et légers. Ces automatismes sont mus par une énergie formidable, qu’il s’agit plus de guider que d’entraver, à condition d’avoir développé une certaine capacité à les observer sans forcer.
La méditation de pleine conscience
La méditation amène alors une prise de conscience de la vie propre qu’ont les phénomènes du corps et de l’esprit, chez soi et chez les autres, et une perception plus fine de leur dynamique naturelle (leur « élan »). Avec l’expérience, le méditant apprend à s’y glisser et à interagir avec ces mouvements d’énergie par des touches minimales, de la même manière que l’on peut pousser un enfant sur une balançoire avec des appuis très légers, mais choisis. Ce mode d’observation amène naturellement à la découverte d’une certaine autonomie de sa propre vie mentale, qui n’a plus forcément besoin d’être conduite par un chef d’orchestre pour bien suivre son cours : « je » peux finalement m’absenter, disparaître de la scène et la laisser évoluer tranquillement et « pof », je ne suis plus là… mais tout continue d’aller bien ;
À cet égard, la consigne fréquente de placer son attention sur sa respiration, pendant la méditation, me semble extrêmement astucieuse, car elle offre une voie d’entrée royale vers cette observation sans contrôle. Le débutant a d’ailleurs bien du mal à porter son attention sur sa respiration sans chercher à la contrôler, au point de se trouver parfois au bord de l’asphyxie. C’est la fameuse histoire du mille-pattes à qui la fourmi demande quel pied il déplace en premier quand il souhaite avancer. En faisant pour la première fois attention à ses mouvements naturels, le pauvre se retrouve soudainement incapable de marcher comme il en a l’habitude, quand il n’y pense pas. Son bel automatisme est enrayé par une attention mal placée. Pourtant, au bout de quelque temps, le pratiquant trouve comment placer son attention sur sa respiration sans chercher à la contrôler, et tout revient dans l’ordre. Une bonne leçon pour le mille-pattes…
Une fois cette « bonne distance » définie découverte pour des actions du corps, le même principe de contrôle léger peut être appliqué aux processus mentaux, comme les pensées, jusqu’à permettre de guider de manière légère, et sans les déranger, des processus aussi intellectuels que l’écriture d’un texte comme celui-ci. Ceux qui diront que c’est impossible se trompent. Je suis convaincu qu’il existe toujours une certaine façon de porter l’attention sur un automatisme sans le perturber. Et c’est dans cette optique que j’ai formalisé les programmes attentionnels dans Le Cerveau funambule, pour définir, activité par activité, automatisme par automatisme, la bonne manière de placer l’attention pour entraîner leur dynamique sans effort plutôt que l’enrayer. C’est un pas vers la pleine conscience.
Comme chaque mois, Mental-Objectif-Perf tente de vous intéresser par la lecture d’un sujet différent ayant trait à la recherche de la performance.
Cette News Letter n’a d’autres prétentions que de vous faire partager et réfléchir à des thèmes et des sujets qui auront retenus mon attention dans le cadre d’une recherche perpétuelle d’améliorer notre comportement afin de mieux profiter de la vie, de mieux nous connaître et donc de mieux contrôler nos émotions.
Je vous propose ce mois-ci de réfléchir sur la notion de plaisir dans la pratique de la compétition.
News Letter N° 45
LE PLAISIR : ELEMENT INDISPENSABLE A LA GAGNE !
Juin 2018
« L’âge n’est pas un problème en soi. Il faut que je décide quelles sont mes priorités. C’est ça qui décidera du succès ou non ». R Federer
Mental-Objectif-Perf .
Björn Borg: Un moteur sans essence !
Ce qu’éprouve Novak Djokovic, Björn Borg l’a vécu avant lui. En 1981, le Suédois mettait un terme à sa carrière à seulement 25?ans. « Vous comptiez déjà onze titres du Grand Chelem. Si vous ne vous étiez pas arrêté, vous auriez pulvérisé le record de Federer ! » osa-t-on lui faire remarquer en 2009, lors d’un gala de charité à Paris. Borg avait un peu bu ce soir-là, mais cette question était très claire dans sa tête.
« Impossible. Je n’avais plus de motivation, plus d’envie, plus de plaisir. J’étais comme un moteur sans essence. J’étais incapable de gagner d’autres grands tournois. Je n’ai ni doute ni regret à ce sujet. »
Le plaisir est l’un des carburants de la performance.
Roger Federer : L’âge n’est pas un problème en soi…
Après son vingtième titre en Grand Chelem à Melbourne, le Suisse ne veut pas voir la lumière s’éteindre.
Avoir été et être. Un vœu pieux. Surtout dans le sport de haut niveau, en raison de l’endurance mentale requise par un quotidien abrasif et une concurrence exacerbée. «?Je ne pense pas qu’un joueur de 36 ans devrait être favori d’un tournoi?», avait avancé Roger Federer en préambule de l’Open d’Australie, conscient du caractère incongru de sa situation.?».
Magistral homme aux semelles de vent, le Suisse compose le portrait-robot d’un jeu de rêve avec le toucher de John McEnroe, le sang-froid de Björn Borg, l’efficacité et la variété au service de Pete Sampras, l’élégance de Stefan Edberg, la longévité d’Andre Agassi ou Ken Rosewall… Parvenant à les surpasser par un perpétuel désir de se réinventer. Pour durer, gagner. Sans lasser.
Si Michael Jordan a, un jour, replié ses ailes, Pelé rangé ses souliers, Eddy Merckx accroché son vélo au clou, Michael Phelps quitté les bassins, vaincu par l’usure, celle du temps attachée à tous les règnes, «?Federer 2.0?» nourrit sa légende, prêt à relever encore et encore de nouveaux défis. Mais le jeu dans son acception la plus enfantine coule toujours dans ses veines. Le Suisse qui semble hermétique aux outrages du temps a, en conférence de presse, lancé, en laissant planer l’ombre de sa menace : «?L’âge n’est pas un problème en soi. Il faut que je décide quelles sont mes priorités. C’est ça qui décidera du succès ou non. Ce sont des moments excitants que j’ai devant moi.?» Il semble rajeunir, puiser toujours le même plaisir.
Sa force?? Son socle familial autour de Mirka, son épouse rencontrée lors des JO 2000 à Sydney, de leurs jumelles (8 ans) et jumeaux (3 ans).
L’aveu de Novak Djokovic, qui explique ses contre-performances par la perte de la joie de jouer, brise un tabou : c’est en continuant de s’amuser que l’on gagne.
Atteindre le haut niveau n’est pas une partie de plaisir, mais il s’éloigne une fois que le plaisir est parti. Après tant d’autres, Novak Djokovic est en train de le découvrir. Engagé au tournoi Masters 1000 de Shanghai, le numéro un mondial sort d’une période difficile, marquée par deux éliminations prématurées à Wimbledon et aux Jeux olympiques de Rio, et une défaite en finale de l’US Open face à Stanislas Wawrinka. Djokovic a fait un surprenant aveu au début du mois d’octobre, en déclarant que retrouver le plaisir du jeu passait désormais pour lui avant le fait de gagner de nouveaux titres.
Invité à s’expliquer sur ce blues du tennisman, le Serbe admet avoir été « épuisé émotionnellement » après sa victoire à Roland-Garros. Enfin vainqueur du dernier tournoi du Grand Chelem qui se refusait à lui, il a ensuite « décompressé » d’une manière inattendue et incontrôlée. « Les trois mois suivants ont été marqués par des hauts et des bas. Je ne ressentais plus cette joie intérieure de jouer. Ma priorité est désormais de retrouver avant toute chose cette joie, de me sentir heureux sur le court. Tout le reste arrive en second. »
Novak Djokovic : Retrouver le plaisir
Arséne Wenger : Plaisir contre Pression
Arsène Wenger nous l’expliquait en début d’année. « Le sport de haut niveau possède cette difficulté exceptionnelle qu’il requiert d’être à la fois concentré et relâché, nous disait l’entraîneur d’Arsenal. Tout le problème du grand joueur est de parvenir à pénétrer dans cette zone mentale où tout paraît facile.» Le plaisir a le don d’absorber la pression, de désamorcer la frustration.
Lors de sa venue à Lausanne, début octobre, Zinédine Zidane n’a parlé que de ça : du plaisir de jouer. De celui que les jeunes doivent prendre avant de songer à faire une carrière, de celui qu’il trouve encore à se mêler aux petits matches de fin d’entraînement, de celui surtout, essentiel, que des grands champions continuent de prendre chaque jour. « Mes joueurs ont tout mais ils restent quelque part des enfants qui s’amusent. Cristiano Ronaldo, notamment, veut tout le temps marquer, gagner ses matches, même à l’entraînement. »
« L’affirmation d’une identité »
Après, le plaisir ne suffit pas. Il est beaucoup reproché actuellement à Paul Pogba, le successeur désigné de Zidane en équipe de France, de jouer pour son plaisir seul plutôt que pour l’efficacité de l’équipe.
Zinédine Zidane : Le Plaisir de jouer
Le Tir et le Plaisir
Roger Federer, le plaisir de jouer.
Hier encore machine programmée pour battre tous les records, Novak Djokovic est paradoxalement redevenu faillible en perdant ce qui caractérise son humanité : la joie, le jeu, l’émotion. Et ce constat éclaire d’une autre lumière le record de 17 titres du Grand Chelem que détient, sans doute pour plus longtemps qu’on ne le pense, Roger Federer. Si Federer a pu tenir douze ans au plus haut niveau, c’est parce qu’il n’a jamais perdu ce plaisir originel de simplement jouer au tennis. Tous ses amis, ses sparring-partners, ses entraîneurs, le disent et s’en étonnent. Qu’il soit toujours aussi heureux de s’entraîner chaque matin à 35?ans est unique, impressionnant. Déterminant.
Le Bâlois le répétait en novembre 2015, au Masters de Londres, avant qu’une série de blessures ne gâche sa saison 2016. « La façon dont je joue me procure beaucoup de plaisir, et le plaisir, c’est important à mon âge. » Il peut même être une drogue. Marc Rosset, dans une quête presque masochiste, s’efforça d’en sucer les ultimes gouttes au moment de tirer un trait sur sa carrière. Il voulait tuer le plaisir, se dégoûter du tennis, pour être sûr de ne jamais avoir envie d’y revenir.
Roger Federer : Toujours du plaisir !
J’entends souvent des entraîneurs dire à leur tireur avant le match : Fais toi plaisir ! Comme si la compétition était un plaisir. Non, un match est plus une souffrance mentale et un combat que du plaisir au sens où on l’entend traditionnellement. En match, le plaisir peut être ressenti dans la mise en place du comportement décidé, dans le geste travaillé, dans la qualité de la séquence mentale acquise.
Au-delà de cette recherche du plaisir dans le match, qui est à mon avis rare et limité, le plaisir indispensable pour aimer continuer à souffrir doit se trouver dans le chemin de vie que constitue la pratique du tir sportif en compétition : L’entraînement, la recherche de sensations, la maîtrise de soi, la coordination, l’adrénaline du match, les voyages, les amis. Ce sont ces éléments qui doivent être constitutifs du plaisir avec, également, le plaisir du combat contre soi si on est conscient qu’on ne le gagnera pas souvent !
Pratiquer le tir en compétition et en tirer du plaisir nécessite d’adopter une posture mentale, une philosophie de la vie au travers de laquelle l’important n’est pas le résultat, n’est pas l’objectif mais le chemin qui y mène en ayant conscience qu’on ne l’obtiendra peut être pas ou pas tout de suite….. Mais l’espoir fait vivre et le plaisir ainsi conçu devient un carburant indispensable à la motivation.
Laura Flessel : Les trois P…
Il y a un équilibre à trouver, que l’ancienne escrimeuse française Laura Flessel situait au cœur du triangle des trois « P » : peur, plaisir, performance. Le plaisir n’est pas tout mais il a sa part. « Arrivé à un certain niveau, écrit Cédric Quignon-Fleuret, responsable de l’Unité de psychologie du sport à l’Insep, dans son livre Devenir champion, le plaisir peut facilement paraître futile ou secondaire. » C’est tout le contraire. L’athlète sous pression « oublie que c’est le plus souvent aussi et par cette notion qu’il s’est construit. […] Le plaisir doit être appréhendé comme l’affirmation d’une identité. »
C’est ce que professe chaque jour Jonas Svensson à ses élèves du Tennis Club de Chavannes-de-Bogis. L’ancien professionnel suédois place le plaisir au cœur du sport. « A 12?ans, se souvient-il, un journal a demandé à mon entraîneur quel était mon point fort. Il a répondu :
« La passion du tennis. » Et je crois qu’il avait raison. »
Le processus de la confiance en soi est une appropriation progressive que seule l’action rend possible.
Psychologues, enseignants, coachs sportifs, théoriciens de la « psychologie positive » …, tous s’accordent à dire que la confiance en soi se développe dans l’action.
Mais un malentendu se glisse souvent derrière cette idée. Si la confiance en soi se conquiert dans l’action, c’est bien qu’elle n’est une confiance en un « soi » pur, détaché du monde, telle une monade douée de qualités essentielles que nous aurions développer dans l’action. Elle est une confiance en la rencontre entre soi et le monde. Une rencontre que nous ne maîtrisons pas complétement, qui nous réservera des surprises, sera forcément riches d’enseignements.
En agissant, nous découvrons dans le réel des opportunités nouvelles, des ressources insoupçonnées, que notre action contribue à dévoiler. Il arrive aussi qu’en agissant nous rencontrions les autres et que la solution vienne d’eux, que la chose se révèle finalement plus simple, ou tout bonnement que nous ayons de la chance !
Ce n’est donc pas seulement en « soi » qu’il s’agit d’avoir confiance, mais bien en la rencontre entre els autres et soi, entre le monde et soi - que seule l’action rend possible.
La pensée stoïcienne
Il y a ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. La pensée stoïcienne, de Marc Aurèle à Sénèque, repose sur cette distinction. Nous devons bien sûr agir autant que possible sur ce qui dépend de nous, mais avoir confiance en soi, c’est également avoir confiance en ce qui ne dépend pas de soi et que notre action peut mettre en branle.
Souvent lorsque nous souffrons d’un manque de confiance, lorsque nous nous mettons trop la pression, nous nous faisons une idée fausse des choses. Nous ne sommes pas assez stoïciens, nous présupposons que tout dépend de nous. Il n’y a pas de manière plus certaine de « rater » sa première fois.
Le tir de compétition, en tant que sport mental, exige bien sur une grande confiance en soi et nombre de tireurs sont à la recherche de celle-ci, incriminant son absence dans la non performance.
C’est donc à ce titre, que l’approche de Charles Pépin est transposable à notre action de tir : C’est en osant engager sans craindre que le coup ne parte trop vite, en osant appuyer en continuité avec une visée non parfaite, en osant aller loin dans la zone de décrochage au mépris du risque d’un départ non contrôlé et en osant tenir au départ du coup pendant ce moment si difficile à vivre qu’est le décrochage, que la confiance dans cette action viendra et que nous performerons.
Je vous l’ai souvent dit, on ne peut pas jouer un rôle en compétition et dans l’émotion, on doit être soi. Par conséquent, cette démarche doit s’appliquer dans votre vie quotidienne pour en recueillir les effets bénéfiques dans votre développement personnel et ensuite dans votre sport.
N’attendez pas d’avoir confiance dans le résultat espéré de votre action pour agir, agissez sans la retenue de l’hypothèse du résultat en développant votre capacité d’adaptation à la situation.
Le tir permet de mettre en exergue les compétences à développer pour performer mais c’est votre posture au quotidien qui développera les compétences nécessaires à la performance.
Il ne suffit pas de passer des heures au stand de tir pour bien tirer, ceci est nécessaire pour acquérir et maitriser la technique. La maîtrise de soi, de ses émotions, la capacité à oser, à prendre des risques et à agir, se développent autant dans la posture au quotidien que dans la pratique de l’entraînement et de la compétition.
Une nouvelle saison sportive s’ouvre, une nouvelle posture est à prendre ! Ayez confiance dans votre action, c’est la clé de la confiance en vous.
Nos existences sont passionnantes, non parce qu’elles permettent de déplier progressivement les capacités d’un moi qui contiendrait déjà tout au départ, mais parce qu’elles nous offrent la chance de nous inventer et de nous réinventer, de rebondir et de bifurquer, de nous découvrir des potentialités nouvelles.
Exister, c’est se jeter à l’eau, aller à la rencontre des autres et du monde, de ces obstacles que nous pouvons changer en opportunités à condition de changer de regard. Il peut se passer tant de choses dès lors que nous nous mettons en mouvement : Nous pouvons faire jouer tant de forces en présence, rencontrer tant d’hommes ou de femmes capables de nous aider (parfois involontairement), que l’expression confiance en « soi » en devient saugrenue.
La Transcendance de l’ego
Agir, c’est inviter le soi dans la ronde de l’existence, l’inviter à sortir de soi plutôt qu’à se persuader qu’il contient l’essence pure de sa valeur, l’inviter à « s’éclater » plutôt qu’à se replier. C’est le sens du titre d’une œuvre majeur de JP Sartre : La Transcendance de l’ego. La valeur de l’ego est « transcendante » : Elle se joue et se conquiert hors de l’ego, dans sa capacité à agir, à tisser des relations avec les autres, à prendre part au tourbillon de la vie.
Si nous échouons ou ne réussissons pas autant que nous le voudrions, nous aurons au moins réussi à essayer.
Charles Pépin l’observe chaque jour avec ses élèves : Ne pas réussir à essayer induit peu à peu une perte de confiance.
Il leur demande parfois de traiter à l’oral, de manière quasi improvisée, un sujet très difficile. Ceux qui tentent l’aventure prennent peu à peu confiance en eux, même s’ils ne réussissent pas à surmonter la difficulté de l’exercice. Aux yeux des autres, ils apparaissent comme ceux qui ont tenté, qui se sont lancés. C’est déjà un motif de fierté. En essayant, ils se découvrent capables d’idées nouvelles, d’intuitions qu’ils ne soupçonnaient pas. Ils n’ont pas besoin de réussir l’exercice pour y trouver des motifs de satisfaction.
A l’inverse, ceux qui ne persistent à ne pas vouloir essayer, ne prennent jamais confiance en eux : En n’y allant pas, en ne rencontrant pas le réel, ils n’ont aucune chance de rencontrer ce qui pourrait les débloquer. Ils tombent dans un cercle vicieux : En ne passant pas à l’acte, ils se privent des vertus libératrices de l’action et leur anxiété ne fait que grandir.
Exister …
On ne peut découvrir ses talents, ses ressources, sa force qu’en les mettant à l’épreuve. Il faut une première fois, un premier pas, des ratés puis des succès, pour gagner progressivement en assurance. Se dessine, derrière le propos de Charles Pépin, une définition renouvelée de la confiance en soi : Il ne s’agit pas seulement de pouvoir compter sur soi, mais sur la rencontre en soi et le monde, la possibilité d’être surpris, soutenu par les autres, porté par le mystère de la vie.
Une appropriation progressive
Comme chaque mois, Mental-Objectif-Perf tente de vous intéresser par la lecture d’un sujet différent ayant trait à la recherche de la performance.
Cette News Letter n’a d’autres prétentions que de vous faire partager et réfléchir à des thèmes et des sujets qui auront retenus mon attention dans le cadre d’une recherche perpétuelle d’améliorer notre comportement afin de mieux profiter de la vie, de mieux nous connaître et donc de mieux contrôler nos émotions.
Je vous propose ce mois-ci de partager le livre de Charles Pépin aux Editions Allary (La confiance en soi. Une philosophie) qui se fonde sur des figures inspirantes (artistes, sportifs) pour explorer les ressorts de la confiance en soi et montrer qu’elle est à la portée de tous.
Passez à l’acte !
Réussir à essayer avant d’essayer de réussir !
Le Tir et la confiance en soi
Inspirons-nous des hommes et des femmes d’action, des aventuriers, des pionniers, des entrepreneurs. Même s’ils ont longuement réfléchi avant de se lancer, ils font confiance à l’action elle-même, à tout ce qu’elle va produire dans le réel, directement ou indirectement. Ils savent que leur action aura le pouvoir de reconfigurer leur monde, de créer d’autres opportunités qu’il faudra savoir saisir. Même s’ils s’emploient à maîtriser le plus possible ce qui dépend d’eux, ils savent le poids de ce qui ne dépend pas d’eux, et qui pourra surgir comme obstacle ou comme auxiliaire. Ils y sont prêts. Ils ont beau avoir élaborés l’itinéraire le plus détaillé, le business plan le plus précis, ils savent que l’action elle-même modifiera des paramètres, qu’il faudra peut-être changer de route, pour éviter un orage ou profiter d’une météo plus clémente, lancer un nouveau produit en corrigeant les défauts ou au contraire miser davantage sur celui qui vient d’être lancé, en un mot rester à l’écoute des autres et du monde. Tel est le véritable esprit d’entreprise : savoir prévoir, aimer prévoir, aimer aussi la part d’imprévu qui demeure.
N’ayez donc pas confiance en vous : ayez plutôt confiance en tout ce que votre action est capable de créer en vous offrant un point de contact avec le monde, ayez confiance en ce qui dépend de vous comme en ce qui n’en dépend pas , ayez confiance en la réalité que votre action est déjà en train de remodeler, ayez confiance en la chance que votre action peut provoquer, ayez confiance en ces hommes et ces femmes que vous rencontrerez et qui vous donneront peut être des idées, des conseils, de l’espoir et pourquoi pas de l’amour.
On ne peut découvrir ses talents et ses ressources qu’en les mettant a l’epreuve …
Juillet Août 2018
La Confiance en soi pour agir ou Agir pour avoir confiance en soi ?
Oser l’Action
Confiance dans l’Action
News Letter N° 46
Mental-Objectif-Perf .
Imaginez que vous arriviez à l’aéroport juste à temps pour prendre un avion. Tout, dans votre comportement, met en évidence la concentration de votre attention.
L’esprit en alerte, vous recherchez le panneau des départs, sans vous laisser distraire par le flot des passagers, puis vous identifiez la ligne qui indique votre vol.
Des publicités criardes vous interpellent mais vous ne les voyez même pas : Vous vous dirigez en droite ligne vers le guichet d’enregistrement. Soudain, vous vous retournez, car un ami vient de prononcer votre prénom : Ce message, jugé prioritaire par votre cerveau, s’empare de votre attention et envahit votre conscience… vous faisant oublier le numéro de guichet.
Telles sont quelques-unes des fonctions clefs de l’attention : éveil et alerte, sélection et distraction, orientation et filtrage.
En sciences cognitives, on appelle « Attention » l’ensemble des mécanismes par lesquels notre cerveau sélectionne une information, l’amplifie, la canalise et l’approfondit.
Faire attention, c’est donc sélectionner et, en conséquence, prendre le risque d’être aveugle à ce que nous choisissons de ne pas voir.
Si on ne comprend pas à quoi on doit faire attention, on ne le voit pas et ce qu’on ne voit pas, on ne peut l’apprendre.
Pendant que nous dormons, le cerveau est hyperactif et fait tourner un algorithme d’apprentissage.
C’est le moment où nos neurones réactivent tout ce qui a été appris dans la journée.
Certaines expériences ont montré que l’on pouvait manipuler le sommeil pour mieux apprendre :
En essayant par exemple de synchroniser un bruit de vagues avec les ondes lentes que le cerveau émet pendant le sommeil, il est possible d’en augmenter la profondeur.
Le lendemain matin, l’apprentissage est mieux consolidé.
On peut également pendant la nuit envoyer des odeurs ou des sons qui évoquent des moments de la journée consacrée à tel ou tel apprentissage.
Le 1er pilier de l’apprentissage : L’Attention
Le tir de compétition, en tant que sport, nécessite un apprentissage construit de chacune de ses composantes (position, posture, visée, lâcher, annonce, préparation physique et mentale…) alors que la plupart des tireurs ne font que répéter une séquence mentale issue de leur inné. Nous avons tous l’instinct plus ou moins développé du tir en tant que jeu d’adresse mais la répétition de l’instinct ne le développe pas.
Il va certes l’automatiser et apporter une progression… éphémère ! Le tireur progresse au début par la répétition du geste et son automatisation mais rapidement il va plafonner au niveau de ses compétences innées s’il n’acquiert pas de nouvelles compétences.
Le monde de l’entraînement est donc le monde du conscient et de la répétition car c’est celui de l’apprentissage.
Les 4 piliers de l’apprentissage énoncés par Stanislas Dehaene doivent être respectés et notamment celui de la consolidation au travers de la répétition.
La répétition (routinisation) est importante en ce qu’elle libère les ressources de contrôle exécutif du cortex pariétal et préfrontal qui constituent un goulot d’étranglement cognitif : Ils ne peuvent pas faire deux choses à la fois.
Pendant qu’ils se concentrent sur l’exécution d’une tâche donnée, toutes les autres décisions conscientes sont ralenties ou abolies.
Ainsi, tant qu’un apprentissage (verrouillage, œil sur le guidon, engagement, position…) n’est pas automatisé il absorbe les précieuses ressources de l’attention exécutive (visée/présence au départ du coup).
La routinisation ne doit pas être comprise comme un conditionnement.
A l’opposé, le monde de la compétition est celui du subconscient et de l’activité réflexe de coordination dans la réalisation du geste appris, de la séquence répétée non pour reproduire celle-ci (car les conditions d’expression de la compétition sont radicalement différentes de celles de l’entraînement en l’absence d’enjeu et d’émotion) mais pour en créer une 60 fois pendant le match, répondant à la nécessaire adaptation au moment présent.
La présence inévitable de l’émotion dans le monde de la compétition complexifie la tâche du cerveau et c’est là que notre sport devient intéressant au travers de la préparation mentale et de la connaissance du fonctionnement de notre cerveau… et donc de la maîtrise de soi !
C’est ce qui permet de rendre automatique et inconsciente l’action apprise afin d’éviter de mobiliser toute l’Attention pour la réaliser.
La consolidation consiste à passer d’un traitement conscient (et donc avec effort et lent) à un fonctionnement subconscient (rapide et automatique). Notre cerveau n’arrête jamais d’apprendre. Même lorsqu’une compétence est maîtrisée, il continue de la surapprendre. Il dispose de mécanismes de routinisation qui « compilent » les opérations que nous utilisons régulièrement sous la forme de routines plus efficaces.
Il les transfère dans d’autres régions du cerveau où elles pourront se dérouler inconsciemment, en toute autonomie, sans perturber les autres opérations en cours. Ceci est vrai pour tous les domaines de l’apprentissage : La lecture, la musique, la conduite d’une voiture…
Nos gestes sont initialement sous le contrôle du cortex préfrontal : Nous les produisons lentement, consciemment, un par un. Au bout de quelques séances, tout effort a disparu et nous pouvons parler ou penser à autre chose : L’activité motrice s’est transférée dans le cortex moteur et surtout dans les noyaux gris centraux, un groupe de circuits sous-corticaux qui enregistrent nos comportements automatiques et routiniers.
Les Shadoks, avec humour, l’érigeaient en principe : « ce n’est qu’en essayant continuellement que l’on finit par réussir » …
En d’autres termes, plus ça rate et plus on a de chances que ça marche !
Sans aller aussi loin, il est vrai qu’il est pratiquement impossible de progresser si l’on ne commence pas par échouer, à condition de recevoir un signal de feed-back, une rétroaction qui nous indique la bonne voie.
C’est pourquoi le retour sur erreur est l’un des paramètres éducatifs les plus influents : La qualité et la précision du retour que nous recevons déterminent la rapidité avec laquelle nous apprenons.
Dès son plus jeune âge (10 mois), le bébé est une sorte de supercalculateur, un statisticien de génie, un scientifique en herbe qui passe son temps à faire des expériences.
Lorsqu’il jette de sa table des objets, il est en train de tester la loi de la gravité, de chercher à comprendre pourquoi certains d’entre eux tombent, tandis que d’autres restent stables.
Le cerveau du tout-petit dispose d’un vaste espace de théories et d’hypothèses possibles : C’est la part de l’Inné.
Très vite, il va les confronter au monde extérieur de façon à éliminer celles qui ne fonctionnement pas et à conserver les plus adéquates : c’est la part de l’Acquis.
Le Sommeil
Le 4ème pilier de l’apprentissage :
La Consolidation
Comme chaque mois, Mental-Objectif-Perf tente de vous intéresser par la lecture d’un sujet différent ayant trait à la recherche de la performance.
Cette News Letter n’a d’autres prétentions que de vous faire partager et réfléchir à des thèmes et des sujets qui auront retenus mon attention dans le cadre d’une recherche perpétuelle d’améliorer notre comportement afin de mieux profiter de la vie, de mieux nous connaître et donc de mieux contrôler nos émotions.
Je vous propose ce mois-ci de partager le livre de Stanislas Dehaene (Neuroscientifique) paru aux éditions Odile Jacob le 5 septembre : « Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines. »
Inné/Acquis
Le 3ème pilier de l’apprentissage :
Le Retour sur Erreur
Un organisme passif n’apprend pas. Apprendre efficacement c’est refuser la passivité, s’engager, explorer avec curiosité, générer activement des hypothèses et les mettre à l’épreuve. Seul le travail en profondeur induit une mémoire explicite.
Faire l’effort de comprendre soi-même plutôt que d’attendre la solution entraîne une meilleure rétention de l’information. De la même manière, l’expérimentation, notamment l’interaction avec les objets, favorise mieux l’apprentissage que des explications verbales seules.
VOTRE CERVEAU A DU TALENT
Septembre 2018
APPRENDRE à ... APPRENDRE !
Le Tir et son Apprentissage
Le 2ème pilier de l’apprentissage : L’Effort, l’Engagement actif
News Letter N° 47
Mental-Objectif-Perf .
La personnalité et la posture de cette skieuse par rapport à son sport et à sa carrière m’ont interpellé par rapport à ce que vivent de nombreux tireurs.
Sa personnalité évolue facilement entre la simplicité et l’ambition, sans que cette ambition ne vienne modifier sa personnalité et donc sa manière d’être, de penser et donc de skier en toute confiance. Lorsqu’elle déclare vouloir rester cette petite fille qui aime skier, c’est un combat qu’elle mène contre la propension naturelle de l’être humain à vouloir tout contrôler pour mieux réussir. Cette petite fille qui aime skier pourrait être ce tireur qui aime le tir pour ce qu’il comporte d’exigence en termes d’adresse, d’instinct et de concentration ; des qualités et des compétences qui vont trop souvent avoir tendance à s’effacer au profit de la technique car si celle-ci est indispensable à la performance, elle n’est pas suffisante.
Trop de tireurs, à quel que niveau que ce soit, perdent le plaisir de tirer par une recherche de résultats trop importante. Le plaisir de l’acte de tir disparait au profit du résultat (point, qualification, médaille) et s’ensuivent de nombreuses déceptions.
Pourquoi je skie (pourquoi je tire) doit rester une question essentielle dans la vie du sportif.
Bizarrement, à cette question, elle répond :
« Je n’ai jamais voulu être une bonne skieuse : je voulais être la meilleure du monde. Si cela s’était révélé impossible, j’aurais fait tout autre chose. »
Mais cette ambition est largement tempérée par le désir de vouloir rester cette petite fille qui aime skier, et elle n’est absolument pas accroc aux résultats puisqu’elle déclare ne pas connaître son nombre de victoires mondiales, mais plus encore combattre cette posture :
J’essaie de ne pas trop penser à ce genre de choses. Pour un athlète, il y a plusieurs sources de motivation. D’un côté le plaisir, de l’autre la victoire et le fait de battre des records. Je me concentre sur la première source, car elle me fait me sentir libre et heureuse, quand l’autre est synonyme de pression.
Le plaisir dont elle nous parle est celui de skier, et donc du comportement qu’elle met en place, des sensations qu’elle aime, le résultat n’est pas une fin en soi ou le seul plaisir, c’est plus une satisfaction.
Savoir identifier pourquoi on tire et se recentrer sur l’acte lui-même et non uniquement à son résultat est l’une des voies pour mieux gérer la pression et l’émotion qui hantent l’environnement des compétitions.
Pour les assidus de mes news letters, cela doit vous ramener à l’excellent livre sur le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc !
Seul le chemin qui mène à l’objectif est important, pas l’objectif lui-même !
Revenez à vos sources !
Gardez-vous encore quelque chose de cette petite fille ?
J’essaie. Certains jours, c’est dur. Quand je ne me sens pas bien, que je ne me trouve pas assez rapide, c’est difficile de me rappeler la passion innocente du début. Mais je lutte pour rester cette petite fille. Oui, c’est vraiment agréable de gagner des courses, mais si je ne skie que pour gagner et que je ne gagne pas, c’est terrible à vivre. Alors que si je garde à l’esprit que je suis là tout simplement parce que j’aime être sur la piste, c’est plus facile de surmonter un mauvais résultat.
Dans quel état d’esprit êtes-vous à l’approche de cette nouvelle saison ?
Je me réjouis que tout recommence. Cette période de l’année est particulière, car tout est remis en jeu. Je sais que je me sens bien, mais j’ignore tout le reste. Comment vais-je skier en compétition ? Où en sont les autres ? Qui sera rapide cette saison ? Il faut attendre les courses pour le savoir, et c’est très excitant.
Mikaela Shiffrin n’a que 23 ans, mais elle est la meilleure skieuse du monde depuis deux ans déjà, et elle fait tout pour ne pas laisser l’ivresse des succès l’emporter sur la passion des débuts.
Pour prendre la mesure du phénomène Mikaela Shiffrin, il faut énumérer des statistiques et des records de précocité. Dire qu’à 23 ans, elle a déjà remporté deux fois le grand globe de cristal qui récompense le vainqueur du classement général de la Coupe du monde de ski alpin. Souligner qu’elle y a déjà gagné 43 épreuves, ce qu’aucun athlète n’avait réalisé à son âge, ni Ingemar Stenmark, ni Annemarie Moser-Pröll, ni personne d’autre. Et relever qu’elle ne compte pas s’arrêter là : pratiquement imbattable en slalom depuis des années, l’Américaine aspire aujourd’hui à étendre sa domination aux autres disciplines.
Une telle championne n’existe pas sans une ambition dévorante. Mais il y a aussi, chez Mikaela Shiffrin, une simplicité désarmante. Elle donne beaucoup d’elle-même sur les réseaux sociaux.
Elle remplit ses obligations médiatiques avec entrain. Elle pratique l’autodérision plus souvent qu’à son tour. A la fois grande championne et petite fille, athlète sérieuse et camarade espiègle, elle est depuis quelques années ambassadrice de Longines
L’Imprédictibilité
Comme chaque mois, Mental-Objectif-Perf tente de vous intéresser par la lecture d’un sujet différent ayant trait à la recherche de la performance.
Cette News Letter n’a d’autres prétentions que de vous faire partager et réfléchir à des thèmes et des sujets qui auront retenu mon attention dans le cadre d’une recherche perpétuelle d’améliorer notre comportement afin de mieux profiter de la vie, de mieux nous connaître et donc de mieux contrôler nos émotions.
Je vous propose ce mois-ci de partager une interview de Mikaela Shiffrin par la revue « Le Temps ».
Une simplicité désarmante
La Passion innocente du début
News Letter N° 48
LES SOURCES DE MOTIVATIONS
Octobre 2018
Mikaela Shiffrin: « Je lutte pour rester cette petite fille qui aime skier»
Mental-Objectif-Perf .
Roger Federer
Qu’avez-vous fait ces derniers mois ?
J’ai eu deux semaines de vacances en Martinique au mois de mai… Cela me paraît déjà si loin ! Et après, j’ai repris ma routine, les entraînements, la salle de gym. En août, il y a eu un premier camp de ski en Argentine, puis un autre a suivi au Chili. Et avant de venir en Europe pour la préparation finale, j’ai été invitée par l’un de mes sponsors à Chicago, où j’ai assisté à la Laver Cup et rencontré Roger Federer. Un rêve : il est l’une de mes plus grandes idoles.
Qu’est-ce qui vous touche chez lui ?
Evidemment la manière dont il joue, et le fait qu’il ait dominé sa discipline aussi longtemps. Je l’admire pour ça, mais il y a autre chose : sans le connaître, il me donnait l’air d’être quelqu’un de bien, une personne normale au charisme tranquille, qui respecte toujours ses adversaires. Cela m’intéressait de confronter cette image avec la réalité. Ceux qui sont sympas à la télé ne le sont pas nécessairement en vrai…
Et alors, verdict ?
Encore plus positif que je ne pouvais l’imaginer. Vous savez, Roger est fan de ski, il connaît les athlètes, donc il m’a posé plein de questions sur les courses, mes entraînements, les voyages… Et lui m’a expliqué des choses sur le tennis que je ne soupçonnais pas. Lorsque tu parles avec Roger, il te donne l’impression de faire partie de son monde. C’est loin d’être insignifiant pour une star de son envergure.
Est-ce que les athlètes de très haut niveau partagent des choses, même s’ils ne font pas le même sport ?
Oui, surtout du point de vue mental. Nos disciplines sont différentes, mais l’implication pour y exceller est similaire. J’apprends beaucoup de champions qui m’expliquent leur méthode pour être performant, pour se mettre en condition.
Quel regard pour le Tireur ?
« Je n’ai jamais voulu être une bonne skieuse : je voulais être la meilleure du monde. Si cela s’était révélé impossible, j’aurais fait tout autre chose. »
Et vis-à-vis des autres filles, qu’est-ce qui fait la différence en votre faveur ?
Je ne peux pas répondre à cette question. D’abord parce que nous sommes à l’aube d’une nouvelle saison et qu’on ignore qui sera devant. Ensuite, je ne sais pas ce qu’elles font autrement… Je sais juste ce que je fais de mon côté.
Ce que vous faites, c’est par exemple, la saison dernière, remporter une deuxième médaille d’or olympique, décrocher un deuxième grand globe de cristal, et porter votre nombre de succès en Coupe du monde à 43, ce qui est un record à votre âge… Toutes ces statistiques, qu’en pensez-vous ?
(Rires.) Pas grand-chose ! A vrai dire, je ne connaissais pas le total exact de mes victoires en Coupe du monde… 43 ? OK, cool ! J’essaie de ne pas trop penser à ce genre de choses. Pour un athlète, il y a plusieurs sources de motivation. D’un côté le plaisir, de l’autre la victoire et le fait de battre des records. Je me concentre sur la première source, car elle me fait me sentir libre et heureuse, quand l’autre est synonyme de pression.
Laisser une trace dans l’histoire de votre sport n’est pas votre priorité ?
Non. Je veux être la meilleure skieuse tant que je serai en activité. Je ne tiens pas à casser tous les records. Cela peut sembler deux ambitions proches, mais pour moi, elles sont très différentes.
Vous dominez le slalom depuis des années, mais vous vous tournez de plus en plus vers les disciplines de vitesse. Pourquoi ?
C’est une bonne question, car disputer toutes les spécialités, c’est dur, fatigant. Mais quand j’étais petite, mon idole était Bode Miller, et il pouvait gagner autant en slalom qu’en descente.
S’il était au départ, il comptait parmi les candidats à la victoire. Cela m’a donné le rêve d’être la meilleure skieuse complète, et je veux l’honorer.
Mais si je me suis entraînée dans toutes les disciplines, je ne serai pas au départ de toutes les courses…
Les épreuves de vitesse représentent un nouveau challenge nécessaire ?
D’un côté, oui. Et puis, d’un autre, cela fait longtemps que je gagne des slaloms. Sur ma combinaison, il y a une cible : toutes les autres filles veulent me battre. Chaque victoire m’apporte un supplément de pression pour gagner la course suivante, car c’est ce que tout le monde attend de moi.
En descente ou en super-G, je peux skier de manière beaucoup plus libérée.
Personne n’est déçu si je ne remporte pas l’épreuve. Parfois, cela fait du bien, cette légèreté.
Comme en interview et sur les réseaux sociaux, où vous donnez l’impression de ne pas vous prendre au sérieux…
C’est important de rire ! Je peux être une personne un peu bête [«silly person»] et j’adore ça. J’aime mettre les gens à l’aise. Quand quelqu’un est trop sérieux, tout son entourage est plus tendu. Je préfère jouer la carte de la fille sympa, heureuse.
Comme Roger Federer ?
Oui, exactement ! Il a su trouver le bon équilibre entre mettre à l’aise son interlocuteur et rester élégant. Car parfois, trop silly, cela devient… stupide. J’essaie de ne pas être stupide.
Pourquoi je skie ?
Mon Parcours
Vous avez récemment raconté sur Instagram que dans votre parcours, votre premier séjour en Europe avait été déterminant à ce niveau-là.
Mes parents nous y ont emmenés pour la première fois lorsque j’avais 7 ans. Mon frère et moi adorions déjà le ski et le but était de participer au camp d’entraînement estival que la fédération autrichienne organise chaque année à Hintertux. J’ignorais complètement qu’il était possible de skier en été sur les glaciers ! Pendant deux semaines, j’ai appris énormément. J’ai été confrontée pour la première fois au coaching à l’autrichienne, un enseignement plus méthodique que ce que je connaissais alors, et j’ai compris que c’était comme ça que j’aimais travailler. Dès lors, j’ai toujours recherché des entraîneurs qui pouvaient m’offrir cette façon de faire. C’est fou qu’une telle révélation se produise si jeune, mais c’était assez naturel. Je suis revenue les deux étés suivants à Hintertux.
Mon Parcours (suite)
Quel impact ces séjours européens ont-ils eu sur la skieuse que vous êtes devenue ?
Ils ont été très importants pour moi, et pas que pour le ski. Nous avons également voyagé, découvert des endroits aussi beaux que Venise, Nice, le lac de Garde, l’Ecosse. Sortir des Etats-Unis si jeune a changé ma vision du monde. Avant, mon univers se limitait à ma maison, ma famille, ma montagne. Voyager en Europe relevait de l’aventure et cela a préparé le terrain pour la suite. Quand je suis revenue pour disputer mes premières épreuves de Coupe du monde, je n’ai pas été surprise par les routes plus étroites, les maisons plus proches les unes des autres et le poids de l’histoire, beaucoup plus présent qu’aux Etats-Unis. Ces trucs typiques de l’Europe, je les avais déjà assimilés.
C’était quoi le ski, pour vous, à l’âge de 7 ans ?
Déjà du sérieux. Même quand j’avais 5 ans. Ce n’était pas le même sérieux qu’aujourd’hui, mais j’aimais ce sport, j’aimais la compétition, j’aimais la victoire et je réfléchissais en fonction de tout ça. Mais à la base de tout, il y avait bien sûr une petite fille qui aimait les sensations que lui procurait le ski.
Le Tir, comme tout sport et peut être plus que d’autres de par sa nature mentale doit rester un jeu dont le chemin mène vers la connaissance de soi.
Le tir et sa pratique ne doivent pas être réduits à la seule compétition, à la seule évaluation du score d’un jour remis en question dès le lendemain.
La comparaison permanente et obsédante (ranking mondial, classement national, palmarès du championnat…) est le chemin de l’échec.
La performance se construit tout à fait autrement ; l’esprit de comparaison et de compétition est indispensable, même dans le tir, mais ne doit pas être le seul objectif, le seul désir, le seul motif de pratique sinon les désillusions vont s’enchaîner.
La préparation mentale du tireur doit le conduire à prendre en compte son désir de se comparer et de gagner sans que cela n’intervienne sur son comportement dans l’acte de tir.
Celui-ci doit être pensé (selon le niveau du tireur et son émotion) soit comme un acte conscient technique, soit comme un acte subconscient au travers du lâcher prise.
Je n’envisage pas de réussite dans le tir sur le long terme, basée sur une préparation mentale activant la comparaison avec les autres, avec leurs scores ou avec ceux fixés par la fédération pour être sélectionné ou qualifié.
Les régionaux 10m se tirent en ce moment et le désir de qualification aux championnats de France au regard d’un score supposé nécessaire est un poison si l’esprit reste englué dans cette pensée… Il en sera de même lors des prochaines sélections aux championnats d’Europe avec les minimas de la FF Tir dont le tireur doit se détacher.
C’est la vie en société qui nous contraint à des comparaisons de ce genre, assure le sociologue Erving Goffman dans l’un de ses premiers essais, La Mise en scène de la vie quotidienne, la présentation de soi (Les Éditions de minuit). Selon lui, le monde social est un vaste théâtre délimité par des normes, des valeurs, des buts valorisés à atteindre. Du matin au soir, nous interprétons notre partition de femme ou d’homme doté d’identités multiples d’époux, d’épouse, de parent, d’amant, de travailleur, etc. pour plaire aux autres, les impressionner, leur donner à croire que nous sommes heureux, que tout nous réussit ou, à l’inverse, que nous sommes victimes d’un sort cruel. Nous sommes bien obligés de nous comparer pour savoir dans quel camp nous nous situons, celui des jalousés ou celui des perdants.
Pourquoi succombons-nous tous au « poison » de la comparaison ? (« Poison » car, pour la plupart des psys, elle est forcément toxique pour l’estime de soi). Si notre société, friande de compétition et d’évaluation, met tout en place pour l’alimenter, la question n’est pas nouvelle. Dans son traité sur l’Éthique, Spinoza déplorait déjà ce réflexe qui n’engendre que des « passions tristes » - l’envie, la haine, la tristesse, le sentiment d’insuffisance - et nous recommandait vivement de profiter de la joie d’exister… L’aveugle, tant qu’il s’abstient de se mesurer à ceux qui voient, ne se sent nullement imparfait, rappelait le philosophe.
Un réflexe naturel.
Des siècles plus tard, le réflexe comparatif continue de marquer le quotidien des relations humaines. Serait-il inné, aussi naturel à notre espèce que l’instinct de fuite ou la peur des serpents ? Il est difficile, sinon
impossible, de le savoir puisque, dès la petite enfance, nous nous imprégnons de ses effets à travers les paroles parentales, et généralement pas à notre avantage. « Regarde ton frère, il est sage, tu devrais prendre modèle sur lui », « Moi, à ton âge, je savais nager ! », etc.
La comparaison n’est en elle-même qu’une simple opération mentale consistant à « mettre en parallèle deux éléments afin d’en saisir les similitudes et les différences », nous dit le Wiktionnaire. « La Terre est bleue comme une orange », écrit Paul Éluard, dans L’Amour, la poésie. Une célèbre publicité de 1978 pour le couscous Garbit avait pour slogan « C’est bon comme là-bas, dis », prononcé avec l’accent pied-noir. Cette comparaison ayant pour objectif de rassurer le consommateur sur l’authenticité du produit. Seulement voilà : quand nous nous comparons à un autre, c’est toujours pour évaluer ce que nous avons, ou ce qu’il a, de plus ou de moins. « Qu’est-ce qu’elle a de plus que moi, celle-là ? » se demande, angoissée, la femme délaissée pour une autre. « Pourquoi les frères Bogdanov ont-ils plus de succès que moi ? » s’inquiète l’auteur qui voit les ventes de ses livres stagner…
Le poison de la comparaison
Comme chaque mois, Mental-Objectif-Perf tente de vous intéresser par la lecture d’un sujet différent ayant trait à la recherche de la performance.
Cette News Letter n’a d’autres prétentions que de vous faire partager et réfléchir à des thèmes et des sujets qui auront retenu mon attention dans le cadre d’une recherche perpétuelle d’améliorer notre comportement afin de mieux profiter de la vie, de mieux nous connaître et donc de mieux contrôler nos émotions.
Je vous propose ce mois-ci de partager un article d’Isabelle Taubes, paru dans Psychologie Magazine.
Le Processus de « Comparaison »
La comparaison au quotidien
News Letter N° 49
LE BESOIN DE COMPETITION
Novembre 2018
Pourquoi a-t-on besoin de se comparer ?
Mental-Objectif-Perf .
La Singularité de chacun
En son temps, la psychanalyste HYPERLINK "http://www.psychologies.com/Culture/Maitres-de-vie/Francoise-Dolto" \\\\t "_blank" Françoise Dolto, soucieuse de la cause des enfants, exhortait les parents à y renoncer afin de leur faire prendre conscience de la singularité de chaque petit humain et de l’importance d’acquérir une bonne image de soi. Il est clair que le message n’est pas complètement passé. Comme si, tout en sachant cette activité improductive sur le plan éducatif, il était impossible de s’en abstenir.
Mais, une fois de plus, tout n’est pas la faute des parents. Pour construire notre moi, notre personnalité, nous nous mesurons à autrui, nous choisissons des modèles. Nos si chers idéaux de vie eux-mêmes sont empruntés aux personnes que nous estimons. Le désir humain est, par essence, mimétique, pose René Girard : nous nous en remettons aux autres pour savoir ce qui est plus ou moins désirable. Nous désirons être comme ceux que nous admirons et avoir ce que possèdent nos semblables
Quels effets pour le Tireur ?
La théorie de la comparaison sociale produite dans les années 1950 par le sociologue américain Leon Festinger complète cette analyse. Selon lui, se comparer est aussi une nécessité pour se connaître et progresser : tenter d’égaler celui qui est tenu pour supérieur (la « comparaison ascendante ») nourrit l’ambition, y parvenir alimente l’estime de soi. Et se comparer à plus malheureux (la « comparaison descendante ») sert à relativiser nos échecs, nous réconforte - « Il y a bien pire » - et parfois nous réjouit sadiquement.
Aux chercheurs contemporains, spécialistes des réseaux sociaux, qui nous apprennent que le bonheur de nos amis (vacances de rêve, beaux mariages, annonces que leurs enfants ont réussi un concours difficile…) étalé sur Facebook déprime, Festinger répondrait que ce spectacle est aussi source de plaisir si nous savons faire preuve d’empathie et d’altruisme.
Se comparer pour progresser
L’Effet « Gros Poisson »
L’autre est, par nature, un rival, d’où l’agressivité et l’esprit de compétition qui sous-tendent les rapports humains, estime le philosophe.
Le réflexe comparatif obéit toutefois à certaines règles. Pour savoir si je suis un bon joueur de tennis, je ne vais pas proposer une partie à un centenaire grabataire, mais à un individu dont la forme physique est proche de la mienne. Si je veux tester mon intelligence, je ne vais pas me mesurer à une personne jugée insignifiante. Quand il s’agit de se comparer, nous nageons en plein « effet gros poisson dans une petite mare ». Le même poisson se sent énorme dans une petite mare et minuscule dans l’immensité de l’océan. C’est le contexte qui nous donne des raisons de nous réjouir de notre situation et de nous en plaindre, constatait Herbert W. Marsh, psychologue de l’éducation, l’inventeur de cet effet big-fish-little-pond effect (BFLPE) : si la note moyenne d’une classe lors d’un exercice de maths est de 8, l’élève qui obtient un 12 sera ?er de lui et son sentiment d’estime de soi augmentera. Tandis que si la moyenne tourne autour de 17, ce même élève pensera avoir peu brillé.
Se comparer pour Être
La comparaison n’est pas nocive en soi ; ce qui l’est, c’est la croyance quelque peu névrotique que, si nous ne sommes pas au sommet, nous ne sommes rien. Si, réellement, le bonheur des autres nous déprime, c’est peut-être que nous n’avons pas réglé nos comptes avec le temps où nous étions jaloux de nos cadets, supposés plus favorisés. Reste que personne sur cette terre, à moins d’être un surhomme, ne peut se vanter d’être totalement préservé de l’envie et de la jalousie.
Bruno Herbelin raconte le déroulement du premier test : « Il nous permettait de comparer les réactions de personnes non phobiques avec d’autres détectées comme telles. J’avais créé un espace avec des yeux qui flottaient. La plupart des personnes ne comprenaient pas vraiment l’intérêt de cette expérience, mais il s’est avéré que les personnes cataloguées comme phobiques sociales l’ont mal vécu. Même s’ils étaient peu réalistes, les regards des visages sur elles les gênaient. » Selon lui, le réalisme des scènes importe donc peu dans le déclenchement des symptômes d’anxiété.
Françoise Riquier tempère cependant :
« Il faut que le patient soit ouvert à cette technologie, sinon il se concentre sur les défauts et les dissonances et rejette l’exposition. Il doit se sentir immergé pour que cela fonctionne. »
Pour son travail de thèse, Bruno Herbelin a développé un scénario virtuel dans lequel les patients étaient placés debout sur une scène, devant un public d’humanoïdes, et devaient s’exprimer. Il a fourni à Françoise Riquier la possibilité de contrôler les réactions de l’audience et ainsi rendre les spectateurs plus hostiles au fur et à mesure du traitement.
Sans la réalité virtuelle, la thérapie traditionnelle des phobiques sociaux a lieu en groupe. Ils prennent alors la parole chacun leur tour devant les autres, mais cette mise en situation a ses limites. Les spectateurs, atteints du même trouble, prennent moins la parole et sont plus sympathiques qu’en temps normal.
Par ailleurs, l’équipe espagnole a également démontré, Lors d'une experience qui visait à infliger une légère brûlure à des participants à qui l’on diffusait simultanément l’image d’un bras virtuel, que l’apparence ou la couleur attribuée au membre factice pouvait influencer la perception de la douleur. Celle-ci étant perçue comme plus forte lorsque le bras virtuel était doté de la couleur rouge, traditionnellement associée à la chaleur et à l’inflammation.
« Le cerveau est très flexible en ce qui concerne notre représentation de soi et de notre propre corps, analyse la scientifique. Dans la mesure où certaines congruences sensori-motrices sont respectées, les changements d’aspect, de race, de sexe, d’âge ou de taille sont aisément acceptés. Il nous reste tout de même encore à comprendre comment cette plasticité influence la manière dont nous faisons l’expérience du moi. »
Si le mystère existentiel de la conscience de soi n’est pas encore totalement percé grâce à la réalité virtuelle, ce concept n’en est pas moins déjà à l’origine de nombreuses applications cliniques, comme le traitement de certaines phobies, de la douleur ou encore des rééducations physiques et cognitives suite à un AVC.
Le Tir de compétition, de par sa dimension émotionnelle, nécessite d’apprendre à vivre des situations et on sait que l’apprentissage chez l’être humain se fait par la répétition de ces vécus. C’est pourquoi le sujet de la réalité virtuelle m’a interpellé depuis plusieurs années : S’ il était possible de créer un monde virtuel de compétition pour s’entraîner, cela constituerait un superbe outil d’entraînement car je pense depuis longtemps que la simulation de matches à l’entraînement, non seulement ne sert à rien mais est néfaste pour le mental du tireur car celui-ci augmente son exigence de résultat en se croyant capable de réaliser le score de l’entraînement en compétition alors que l’expression n’a pas eu lieu dans le même monde, dans le même contexte d’enjeu et d’émotion.
Par ailleurs, concernant la conscience :
D’un point de vue cognitif, vous savez que tout cela n’est qu’illusion, que cet endroit n’existe pas, que les événements vus, entendus et vécus ne sont pas réels. En même temps, à la fois inconsciemment et consciemment, vous agissez comme si vous étiez vraiment confronté à ces derniers. Votre cœur se met à battre plus rapidement, et la peur vous pousse à ne pas vous approcher trop près du gouffre !
Ce paradoxe est au cœur de ce que l’on appelle la notion de « présence », considérée comme centrale en réalité virtuelle et pouvant être définie comme le fait de répondre de manière réaliste à un environnement que l’on sait factice.
C’est exactement ce dont nous avons besoin pour nous entraîner dans un vrai contexte de vécu émotionnel plutôt que de faire des matches à l’entraînement.
C’est aussi exactement le « paradoxe » que nous vivons en compétition avec cette impression à chaque plomb que nous jouons notre vie alors qu’il ne s’agit que de tirer un plomb dont la conséquence n’est pas aussi importante que celle que nous vivons mentalement en match.
Je ne sais pas s’il est possible d’utiliser et de développer cette technologie dans la préparation des sportifs, mais c’est une voie de réflexion.
Aux Etats-Unis, en France ou en Suisse, les chercheurs et psychiatres s’intéressent aux vertus thérapeutiques de la réalité virtuelle. L’immersion devient un moyen de soigner les phobies et les traumatismes psychologiques
Une grande salle carrée, des détecteurs aux quatre coins de la pièce, et un bâton de bois en son centre. On enfile des élastiques munis de capteurs sur les pieds et les mains, un casque audio puis un autre de réalité virtuelle, et nous voilà projetés dans un univers fictif, ressemblant à un tipi d’Indiens. L’avatar bouge les bras et les jambes comme le corps réel. En sortant de la tente, on saisit une torche posée à côté d’un feu. La main se referme alors sur un morceau de bois, celui-là même qui nous avait intrigué avant de se parer du casque.
Le simple fait d’avoir une concordance entre le monde virtuel et le réel donne encore plus de corps à l’expérience. S’ensuit alors une navigation entre plusieurs scènes : un labyrinthe, un stade de baseball, un vaisseau spatial en plein crash… Impressionnant, bien que de prime abord il ne semble pas y avoir beaucoup de liens avec l’objet de notre visite : le soin des phobies par la réalité virtuelle.
Et pourtant, la start-up genevoise Artanim, qui a développé cette animation, est un studio de création d’univers fictifs qui s’intéresse de plus en plus à des applications dans la médecine. « Nous travaillons notamment sur la réadaptation musculaire des victimes d’accidents, explique sa présidente Caecilia Charbonnier. Le patient voit son bras bouger à travers le casque, mais le mouvement est légèrement accentué, de façon à ce qu’il ait l’impression de progresser plus vite. Une application dans le soin des phobies est également envisageable. On peut, par exemple, imaginer faire traverser un pont suspendu aux personnes atteintes de vertige… »
Il y a dix ans déjà, Bruno Herbelin, chercheur en neurosciences cognitives à l’EPFL, avait réalisé sa thèse sur ce sujet en partenariat avec une psychiatre, Françoise Riquier : « Nous avons travaillé principalement avec des phobiques sociaux. Je fabriquais le contenu et Françoise l’utilisait avec ses patients. Il n’y a pas eu d’essais cliniques, mais les résultats étaient très positifs ! »
La réalité augmentée est la superposition de la réalité et d'éléments (sons, images 2D, 3D, vidéos, etc.) calculés par un systeme informatique en temps réel.
Elle désigne souvent les différentes méthodes qui permettent d'incruster de façon réaliste des objets virtuels dans une séquence d'images. Elle s'applique aussi bien à la perception visuelle (superposition d'images virtuelles aux images réelles) qu'aux perceptions proprioceptives comme les perceptions tactiles ou auditives.
Ces applications sont multiples et touchent de plus en plus de domaines, tels que les jeux vidéo, l'éducation par le jeu, les chasses au trésor virtuelles, le cinéma et la télévision (post-production, studios virtuels, retransmissions sportives…).
La réalité virtuelle est une expression qui désigne les dispositifs permettant de simuler numériquement un environnement par la machine (ordinateur).
Selon les technologies employées, elle permet à l’utilisateur de ressentir un univers virtuel par le biais de ses différents sens : la vue le plus souvent mais aussi le toucher, l’ouïe, l’odorat.
La réalité virtuelle permet donc à une personne de vivre une expérience d’immersion et de mener une activité senso-motrice dans un monde artificiel. Pour garantir une immersion totale, l’utilisateur se sert d’un casque de réalité virtuelle. Celui-ci utilise le principe d’affichage en 3D stéréoscopique pour placer le visualisateur dans un monde virtuel généré par une machine
La réalité augmentée
Comme chaque mois, Mental-Objectif-Perf tente de vous intéresser par la lecture d’un sujet différent ayant trait à la recherche de la performance.
Cette News Letter n’a d’autres prétentions que de vous faire partager et réfléchir à des thèmes et des sujets qui auront retenu mon attention dans le cadre d’une recherche perpétuelle d’améliorer notre comportement afin de mieux profiter de la vie, de mieux nous connaître et donc de mieux contrôler nos émotions.
Je vous propose ce mois-ci de nous intéresser à la réalité…augmentée !
De quoi s’agit-il ?
Soigner les phobies
News Letter N° 50
LA REALITE VIRTUELLE
Decembre 2018
Augmenter la réalité pour mieux la gérer ?
Mental-Objectif-Perf .
Un moyen d’explorer la Conscience de soi
Tout comme les philosophes avant eux, les neuroscientifiques tentent de percer les mystères de la conscience de soi, ce sentiment humain aussi fondamental que subjectif. Dans ce sens, la réalité virtuelle pourrait représenter un outil précieux
Imaginez-vous au bord d’un précipice, dans un environnement fictif créé de toutes pièces par un système de réalité virtuelle.
D’un point de vue cognitif, vous savez que tout cela n’est qu’illusion, que cet endroit n’existe pas, que les événements vus, entendus et vécus ne sont pas réels. En même temps, à la fois inconsciemment et consciemment, vous agissez comme si vous étiez vraiment confronté à ces derniers. Votre cœur se met à battre plus rapidement, et la peur vous pousse à ne pas vous approcher trop près du gouffre. Vertigineux, non ?
Ce paradoxe est au cœur de ce que l’on appelle la notion de « présence », considérée comme centrale en réalité virtuelle et pouvant être définie comme le fait de répondre de manière réaliste à un environnement que l’on sait factice. C’est aussi sur cette base, et en se servant de ces nouveaux procédés technologiques, que des chercheurs en neurosciences tentent désormais de mieux comprendre cet état fondamental et subjectif qu’est la conscience de soi, concept si cher à Kant.
«La réalité virtuelle immersive est un outil unique pour explorer la question de la conscience, car elle nous permet de modifier expérimentalement notre représentation interne du monde extérieur et de nous-même, tout en étudiant nos réponses comportementales, cognitives, physiologiques et émotionnelles», explique Maria V. Sanchez-Vives, codirectrice du Laboratoire des réseaux corticaux et des environnements virtuels en neurosciences de l’Institut de recherche biomédicale August Pi i Sunyer, à Barcelone. La spécialiste, qui se consacre à cette thématique depuis le début des années 2000, était présente à Thoune, fin novembre, lors d’un séminaire organisé par l’Association suisse du journalisme scientifique.
Mettre le patient en situation (suite)
Le réalisme importe peu
Cerveau très flexible
Mettre le patient en situation
Après l’étude de Bruno Herbelin, Françoise Riquier avait abandonné l’utilisation de la réalité virtuelle, avant de s’y remettre récemment : « Le problème principal était lié au matériel : trop onéreux, compliqué d’utilisation, trop peu de contenus différents à proposer aux patients… Aujourd’hui, celui-ci est devenu plus abordable, c’est pourquoi j’ai décidé d’essayer à nouveau.
Pour permettre de meilleurs résultats, Françoise Riquier met son patient en situation avant qu’il n’enfile le casque : « Je lui dis de se souvenir de ce qu’il ressent lorsqu’il est confronté à sa peur, de se contracter, d’accélérer sa respiration… Une fois l’expérience commencée, on peut aussi rajouter des battements de cœur au rythme rapide, pour accentuer le sentiment de stress. Malheureusement, les scénarios sont toujours trop pauvres et peu nombreux… Dans tous les cas, l’utilisation du casque reste un moyen d’exposition, pas une solution. »
Entre Réel et Représentations
Dans son laboratoire, la neuroscientifique et ses collègues utilisent ainsi des environnements virtuels, combinés à des mesures collectées notamment par électrocardiogrammes et électroencéphalogrammes, afin d’explorer les différents aspects de la conscience perceptive, et ce, dans le but de mieux comprendre dans quelle mesure ce que nous percevons provient d’intrants externes ou de notre propre cerveau.
Partant du principe que la conscience de soi émane en premier lieu de la conscience de son propre corps depuis le plus jeune âge, les scientifiques ont imaginé diverses expériences de réalité virtuelle, dont bon nombre ont pour objectif de modifier l’apparence charnelle des participants via un avatar, ou de créer des illusions corporelles.
L’une de nos études les plus emblématiques est très certainement celle qui a démontré que nous pouvions ressentir un bras virtuel comme si c’était le nôtre, décrit Maria V. Sanchez-Vives.
Cela nous a ouvert tout un nouveau monde, et inspiré de nombreuses expériences inédites ».
Des exemples ? Les chercheurs ont notamment attribué à une trentaine d’adultes l’apparence d’un enfant de 4 ans. Lorsqu’ils incarnaient cet avatar, et qu’on leur demandait d’estimer la grandeur d’objets alentour, ces derniers étaient considérés comme plus imposants que lorsque leur avatar avait la même taille que le bambin, mais les courbes d’un adulte.
Quelles applications pour le Tireur ?
Bruno Herbelin partage ce constat :
« C’est un marché de niche, les personnes phobiques représentent 5 à 10% de la population. C’est moins intéressant financièrement que la création de jeux vidéo. Pour le moment, les psychiatres ne sont pas développeurs informatiques, peu se risquent à créer eux-mêmes le contenu. Peut-être que dans dix ans, créer un univers virtuel sera aussi simple que de créer un site web aujourd’hui… »
News Letter 2018